Si le 1984 de George Orwell avait connu un petit regain d’actualité avec l’affaire Snowden et les écoutes planétaires des USA, l’empire de l’Oncle Sam avait saisi la pertinence de l’auteur dès la Guerre Froide. Et puisque la culture devient une arme en temps de guerre, La Ferme des Animaux faisait alors l’effet d’une bombe nucléaire sur les soutiens de l’URSS.
Pour rappel, La Ferme des Animaux raconte la libération des animaux du joug de leurs maîtres, les hommes, et l’atteinte d’une toute nouvelle liberté à travers l’autogestion. Toutefois, le vent qui souffle sur la communauté des animaux va rapidement tourner, lorsque les cochons se mettent à singer les êtres à deux pattes…
Orwell lui-même ne faisait pas trop de mystères de sa satire politico-animale : le drapeau des animaux, présentant une corne et un sabot, était une parodie de la faucille et du marteau. L’ouvrage est sorti en 1945, et, dès 1954, le film d’animation était sur les rails, prêt à être diffusé. Et pour cause : la CIA américaine elle-même avait mis la main au portefeuille, pour des raisons que l’on imagine aisément.
L’animation a été réalisée par John Halas et Joy Batchelor, deux Britanniques, et a nécessité la collaboration de près de 80 employés. La CIA avait tout de même ses exigences : le final du long-métrage montre ainsi les animaux se soulever contre leurs congénères devenus maîtres, quand le livre d’Orwell est beaucoup plus pessimiste, et laisse aux nouveaux seigneurs l’apanage des privilèges.
Contrairement à ce que pourrait laisser croire le carton introductif, qui annonce une production Louis de Rochemont, aucun Français n’a été impliqué dans la réalisation du film. Au contraire, le dessin animé ne fut diffusé pour la première fois en France qu’en 1993, car jugé trop anticommuniste. La CIA avait tout de même réussi son coup…
