Le célèbre chef d’orchestre Valeri Guerguiev a dirigé ce jeudi 5 mars un concert dans l’antique ville de Palmyre pour soutenir la restauration de ce site inscrit à l’UNESCO et rendre hommage aux victimes de la guerre syrienne.
Ce n’est pas la première fois que la musique classique pourra être entendue dans des ruines : en 1990, trois célèbres ténors, Luciano Pavarotti, Plácido Domingo et José Carreras avaient donné un concert aux Thermes de Caracalla, à Rome, la veille de la finale de la coupe du monde de football organisée en Italie. L’incroyable succès commercial de leur concert a montré que la musique classique n’était pas qu’un musique destinée à l’élite.
La musique classique jouée parmi les antiques bâtiments de Palmyre représente, pour beaucoup de par le monde, un symbole de la victoire de la civilisation sur la barbarie. Il y a seulement quelques semaines, cette perle de l’architecture antique inscrite au patrimoine de UNESCO se trouvait entre les mains des terroristes de Daesh. La ville a subi des dommages irréversibles sous l’emprise des extrémistes : ils ont détruit les temples de Baalshamin et de Baal, ont fait exploser d’autres constructions et statues anciennes.
L’archéologue Khaled Asaad, chef du département des antiquités de Palmyre, a été exécuté et pendu par les terroristes sur le colonne de l’un des bâtiments à la restauration duquel il avait consacré la plupart de sa vie. L’objectif : dissuader tous les «infidèles» d’admirer de telles ruines. Ces atrocités ne relevaient pas du pur et simple vandalisme : la destruction des édifices a été utilisée dans les vidéos de propagande de l’Etat islamique, et le pillage de monuments historique s’est avéré être un fructueux business : les antiquités de Palmyre ont connu un succès immédiat sur le marché noir.
La ville de Palmyre, conquise par Daesh en mai 2015, a été reprise par l’armée du gouvernement syrien soutenue par l’aviation russe le 27 mars, après des combats acharnés qui ont duré plusieurs jours. Dans les jours qui ont suivi la reconquête de la ville, des démineurs russes sont arrivés à Palmyre à la demande du gouvernement syrien pour déminer non seulement les routes, mais aussi les immeubles d’habitation et les monuments historiques. Au total, 2 991 explosifs – dont 432 bombes artisanales – ont été désamorcés, a annoncé la défense russe après la fin des opérations.
Valeri Guerguiev dirige un des orchestres symphoniques les plus connus et les plus prestigieux au monde. Dans un geste symbolique humanitaire, ses musiciens ont déjà joué dans des lieux où de terribles combats se déroulaient. Juste après la fin de la guerre en Ossétie de Sud en 2008 Valeri Guerguiev a emmené son orchestre dans la capitale d’Ossétie en ruines, Tskhinval pour rendre hommage aux victimes du conflit. Le chef d’orchestre, s’il est né à Moscou, est d’origine ossète et a passé la majeure partie de son enfance et de sa jeunesse dans le Nord de l’Ossétie.
La performance de Valeri Guerguiev qui a eu lieu sur le site antique de Syrie s’intitule «Prière pour Palmyre» et sa musique vise à faire revivre la ville antique pour célébrer la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie en libérant la ville des troupes de Daesh et soutenir les efforts nécessaires pour restaurer les joyaux architecturaux endommagés.