Avec Daech, la théocratie ne se cache pas. Elle égorge, elle mitraille, elle éparpille façon puzzle, et c’est ainsi qu’Allah est grand. Avec les wahhabites, le Tabligh, les Frères musulmans, les chiites de Kerbala, c’est tout aussi franc. Allah vous dit quoi faire en toute occasion, et si vous n’êtes pas d’accord, tant pis.
Avec l’Amérique messianique, ce n’est pas très compliqué non plus : la politique se confond avec la morale qui se confond avec la Bible.
Là où cela paraît un peu plus complexe, c’est avec l’humanisme prôné par l’ONU et appliqué par les pays d’Europe, la laïcité, tout ça ; mais en grattant, on découvre sans peine que leur antiracisme, leur monde ouvert, c’est aussi une religion, et aussi une religion politique. L’axe du bien chasse l’axe du mal et impose sa loi à ses fidèles au nom du bien.
C’est pour ça qu’ils s’entendent si bien : à La Mecque, Bruxelles et New York, ils jouent ensemble au choc des civilisations.
Maintenant, il y a le pape François en plus. Je préviens tout de suite les bigots non catholiques que je ne vais pas lui tresser des couronnes. J’en ai presque honte, car c’est une icône de l’incroyance universelle, on ose à peine y toucher. Critiquer les Borgia, Jules II ou un autre, ça va, mais François, pas touche !
Ce que je dis là, ce n’est pas pour innocenter les mauvais papes d’hier. L’intrigue, le monde, faire l’amour et la guerre, ce n’était pas trop leur boulot. Mais puisqu’il y a eu de mauvais papes, pourquoi n’y en aurait-il pas aujourd’hui ? Après tout, depuis saint Pierre, on sait que les papes ne sont que des hommes : c’est le Christ lui-même qui nous a mis au courant.
Des hommes et, hélas dans le cas de François, des hommes politiques. Faire la guerre pour arrondir ses États, comme un Jules II, ce n’était peut-être pas évangélique en diable mais, face aux empiétement de l’empereur et des princes, c’était une précaution bien humaine pour défendre l’honneur et les intérêts de Dieu. Ce qui se passe aujourd’hui est plus grave. C’est un pape qui confond le domaine du salut et le domaine de la politique. Qui, par exemple, en matière de migrations, confond la charité avec la politique des États. Qui, pour complaire à l’esprit du temps, laisse ses proches nier la doctrine de l’Église sur des points de plus en plus nombreux. Bref, qui se met au goût des puissants du jour et s’y soumet. C’est le vicaire du Christ qui se fait l’adjudant de César. Qui enrôle Dieu au service d’une politique humaine.
C’est cette subversion de la foi que l’on nomme théocratie : quand l’orgueil des hommes prétend régir le monde au nom de Dieu.