Mardi 3 avril, les sénateurs débattaient de la possibilité de constitutionnaliser l’avortement, sur une proposition d’élus communistes. La mesure, on s’en doute, est avant tout symbolique. Une sorte de « canonisation » républicaine intervenant à un moment où plusieurs pays à travers le monde se posent la question du bien-fondé de l’avortement.
« Le droit à l’avortement, s’il était inscrit dans la Constitution, serait érigé au rang de principe fondamental, et sa suppression serait rendue plus difficile, puisqu’elle nécessiterait une révision constitutionnelle », argumente Françoise Gatel, sénatrice d’Ille-et-Vilaine et membre du groupe Union centriste.
Tous les sénateurs ne sont pas convaincus du bien-fondé de la proposition mais tous chantent les louanges de l’avortement – ne pas le faire serait se vouer aux gémonies. Pourtant certains, comme Nicole Duranton, sénatrice de l’Eure, émettent un léger doute : « Ce serait une déviance de vouloir faire de l’IVG un droit fondamental en s’appuyant sur l’argument donné dans l’exposé des motifs de votre proposition de loi constitutionnelle, mes chers collègues : mon corps, mon choix. Oui, il s’agit bien de son corps, mais aussi de celui d’un autre, de celui d’un être vivant. Il est essentiel de garder cela à l’esprit. Nous vivons dans une étrange société, qui trouve des preuves de vie sur Mars et non dans l’embryon humain… »
En réalité, cette proposition de loi est née de la peur des pro-avortement qui voient, un peu partout, l’avortement remis en cause. Ce qui fait dire à Eliane Assassi, à l’origine de cette proposition : « Il est absolument nécessaire de renforcer la digue contre les conservateurs et les passéistes prêts à la détruire et qui ne relâchent pas la pression pour délégitimer ce droit acquis de haute lutte. »
Anne Isabeth – Présent