Nombre d’internautes se sont indignés d’une interview publié par le média en ligne Konbini dans laquelle une femme explique avoir assassiné son fils de 3 ans lourdement handicapé en 1987 pour lui éviter plus de souffrances.
Le sujet, selon Hugo Clément, ne doit «pas rester tabou». Il semble pourtant qu’il le soit encore largement au vu du nombre réactions indignées que son interview d’une certaine Anne Ratier a suscité une fois publiée.
«Je m’appelle Anne Ratier et je vais vous expliquer pourquoi j’ai décidé d’offrir la mort à mon fils Frédéric», commence l’interviewée face caméra avant de raconter sur un ton monocorde comment et pourquoi elle tué son enfant de 3 ans, lourdement handicapé à la suite d’un accouchement difficile.
Né alors que sa mère était sous anesthésie générale, Frédéric avait subi des dégâts irréversibles au cerveau qui l’avaient notamment rendu tétraplégique et très lourdement handicapé mental.
Alors après presque 3 ans de soins permanents et d’un lien que sa mère décrit comme «fusionnel», cette dernière a décidé de mettre fin à sa vie pour lui éviter de passer le reste de son existence dans un centre spécialisé, «sans bouger, sans parler, à tourner la tête juste comme ça, à se mordre les lèvres».
«Je savais qu’il faisait 17 kilos, qu’il avait une force nerveuse importante, et que moi, je devais déclarer forfait», explique-t-elle ailleurs dans l’entretien.
mme détaille ensuite comment elle a empoisonné son fils par une surdose des neuroleptiques qu’il devait prendre contre l’épilepsie. Dans le coma, l’enfant finira par rendre son dernier souffle trois jours plus tard, le jour de ses 3 ans.
Commis en 1987, les faits considérés comme un assassinat par la justice seraient aujourd’hui selon Konbini couverts par la prescription qui s’élève à 30 ans pour ce type de crimes.
Anne Ratier, qui se défend de parler seulement aujourd’hui parce qu’elle ne craint plus d’être inquiétée, considère toujours qu’elle a fait le bon choix et raconte son histoire dans un livre : J’ai offert la mort à mon fils.
Indignation sur Twitter
Dès la mise en ligne de l’interview, le journaliste Hugo Clément et son média se sont vus violemment prendre à partie par des internautes indignés leur reprochant d’être complaisants envers l’infanticide.
Le journaliste s’est défendu sur le réseau social de toute complaisance a justifié son choix d’interview dans plusieurs tweets.
«Nous recueillons, 32 ans après, un témoignage qui mérite selon moi d’être entendu et, pourquoi pas, débattu. Même s’il peut choquer, je le comprends tout à fait», a-t-il notamment expliqué.
Dans un autre tweet, il dit ne pas avoir «d’avis tranché», sur l’acte de cette femme. «Je trouve en tout cas sain de pouvoir aborder ce sujet, qui ne doit pas rester tabou», conclut-il.
Sur Twitter et surtout sur la page Facebook du média qui compte près de 4 millions d’abonnés, des commentaires d’internautes montrant de la compréhension envers les circonstances ayant motivé le geste d’Anne Ratier ont aussi fait leur apparition.
Le ministère de la Santé réagit
Devant l’ampleur de la polémique sur Internet, le secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé, Adrien Taquet, a fait part de son indignation.
«Consternant sur la forme, inadmissible sur le fond […] Rien ne justifie de tuer un enfant», a-t-il notamment écrit sur Twitter.