Noël Jamet, LE champion du monde du cri de cochon (Vidéo)

Noël Jamet n’est pas seulement champion du monde du cri de cochon. Il est LE champion du monde du cri de cochon. Une vraie légende. Du niveau de Federer pour le tennis, en comparaison, ou plutôt Bernard Hinault pour la Grande Boucle, puisque Jamet est fan du cycliste. «Nono» (son surnom) survole la compétition depuis plus de dix ans, a tout gagné, du championnat de France à Trie-sur-Baïse (Hautes-Pyrénées, encore un nom rigolo) au concours de la fête du porc d’Estissac (Aube). Il vient de décrocher son huitième titre de champion du monde en douze participations. C’était à la Martinique, en juin, au salon Saveurs et traditions culinaires. Pour écraser ses adversaires, le trapu à la peau rosâtre a mimé la naissance et l’allaitement du goret, mais aussi le verrat amoureux en se frottant au public (ravi) dans un habit porcin avec tétines qui crachent de l’eau «comme les poires des clowns», fabriqué par lui. Il a subjugué une fois de plus les juges de ses «grouinements» surréalistes. «Les gens disent que j’ai une façon particulière de le faire et qu’à entendre, pour ceux qui bossent dans une ferme, c’est vraiment proche du réel», raconte-t-il dans son salon.

«Nono» a débuté en 2004, quelque temps après son divorce. Il s’entraîne régulièrement chez Marie-Jeanne et Lulu, des copains éleveurs, évite les sorties les veilles de tournoi, ne fume pas et préserve sa voix avec du miel et du citron. Son truc en plus : il connaît les différences de tonalités des cochons selon les régions, qu’il adapte au lieu où se déroule la compète. Ça lui vient de son enfance, l’exploitation de ses parents où il a grandi et commencé à imiter les animaux à 12 ans (il sait faire le cheval, mais très mal). Plus vieux, il a aussi bossé dans un abattoir, ça aide.

Ces derniers temps, Noël Jamet gagne sa croûte en faisant le chauffeur poids lourds dans les travaux publics. C’est de l’intérim et ça rapporte 1 500 balles par mois. Donc pas de quoi se payer un jambon de luxe tous les mardis à Jullouville, mais Nono voit plus grand, se rêve dans un poste de «commercial» pour une grande marque, un taf qui devrait lui rapporter du flouze, pense-t-il. «Ça me plairait d’être le cri de cochon en titre de Cochonou. J’ai croisé un représentant une fois sur le Tour de France. Je lui ai filé ma carte, mais il m’a jamais rappelé.» Le cochon.

En attendant, le pavillon qu’il loue à Villedieu déborde de coupes et médailles, prix régionaux et nationaux par dizaines, fruits de treize ans à écumer les foires locales. Une étagère vide attend les 400 porcs miniatures en porcelaine que ses copains lui ont offerts pour ses 50 ans, l’année dernière, et qui viendront bientôt rejoindre les peluches, porcelets en plastique et figurines qui décorent sa baraque. Une énorme tirelire trône sur la table basse, offerte à un mariage où il a fait l’andouille pour amuser les invités.

 

 

Source

Related Articles