Par Isabel Orpy
Cette terrible maladie touche une femme sur dix! Et probablement, comme beaucoup, vous n’en aviez jamais entendu parler ou très vaguement… Bien qu’affectant des millions de Françaises, l’on en parle pas et les fonds alloués aux recherches inhérentes sont ridicules! Parce qu’elle n’atteint que les femmes? Parce qu’elle est liée à une période “taboue”?
C’est une maladie chronique qui ravage la vie de beaucoup de jeunes femmes car, au-delà des douleurs physiques et invalidantes, de la fatigue engendrée, c’est la première des causes d’infertilité féminine. 20 à 50 % des patientes consultant pour infertilité souffre d’endométriose et 30 à 40 % d’entre elles ont un problème d’infertilité.
L’endomètre est la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus. À la fin du cycle menstruel, s’il n’y a pas eu fécondation, une partie de l’endomètre (qui se renouvelle constamment) est évacuée avec les menstruations.
L’endométriose se caractérise donc par la formation, en dehors de l’utérus, d’un développement anarchique de cellules endométriales ailleurs dans le corps, pouvant toucher les ovaires, les ligaments utéro-sacrés, le colon, le rectum, la vessie et le vagin, plusieurs organes pouvant être atteints en même temps. Cela peut aussi entraîner la formation de kystes ainsi que des adhérences qui relient les organes entre eux et engendrent des douleurs intenses.
Cette maladie peut aussi entraîner de longues et éprouvantes hémorragies.
Le symptôme majeur est une douleur pelvienne récurrente, parfois très aiguë, notamment au moment des règles. Ce caractère cyclique est évocateur de la maladie et ne devrait pas la faire confondre avec un fibrome par exemple, ce qui arrive… Les lésions vont donc proliférer, saigner et laisser des cicatrices fibreuses à chaque cycle menstruel. En dehors de cette période, les patientes peuvent également souffrir beaucoup lors des rapports sexuels (dyspareunie) ou lors de défécation ou de miction.
L’endométriose peut générer nombre de troubles divers et s’accompagner d’une grande souffrance psychologique, lesquels ayant bien sûr d’importanates répercussions sociales, professionnelles et personnelles.
Les premiers symptômes, souvent très peu pris au sérieux, sont des règles douloureuses que les médecins imputent au stress ou à des femmes un peu trop douillettes… qu’ils soignent avec des anti-inflammatoires, c’est ainsi que certaines endométrioses mettent cinq à dix ans avant d’être diagnostiquées.
Maladie hormono-dépendant, il convient donc de priver l’organisme de l’hormone qui va nourrir les cellules : l’oestrogène. Ainsi, donner une pilule en continu ou poser un stérilet libérant des hormones permet à certaines femmes de ne plus souffrir et de vivre mieux.
Lorsque cela ne suffit pas, il convient de procéder à des cures de ménopause artificielle avec les pénibles effets secondaires inhérents…
Enfin, le traitement peut être chirurgical. Généralement, un examen clinique et échographique, voire par IRM, permet de détecter une endométriose. Parfois, cela ne suffit pas, il faut alors effectuer une analyse du tissu endométrial, prélevé au cours d’une laparoscopie (chirurgie mini-invasive).
La chirurgie est le traitement de référence de l’endométriose car elle permet de retirer les lésions de façon aussi exhaustive que possible. Ainsi, les symptômes douloureux peuvent disparaître pendant de nombreuses années, voire totalement.
Les causes exactes de cette pathologie sont inconnues. Les chercheurs se penchent sur la piste génétique, toutefois, ils n’excluent pas la piste environnementale et s’interrogent notamment sur un rôle éventuel des perturbateurs endocriniens.
En fait, il n’existe pas de traitement spécifique à l’endométriose, elle ne disparait qu’à la ménopause.
Il n’existe pas une mais plusieurs endométrioses.
Les traitements hormonaux et les techniques chirurgicales sont à l’heure actuelle largement inspirés des méthodes utilisées en cancérologie.. Les traitements proposés soulagent les douleurs, préservent au mieux la fertilité mais ne guérissent pas.
Règles douloureuses, fatigue, pesanteurs pelviennes.. .ces symptômes ne sont jamais à négliger et il est convient de faire de la prévention auprès des jeunes filles.
Il faut donc connaitre et faire connaître cette maladie, soutenir les associations qui se mobilisent pour que des subventions conséquentes soient allouées à la recherche, que des médecins et des spécialistes soient mieux formés, pour effectuer un diagnostic précoce et qu’enfin l’on puisse trouver le traitement efficace et spécifique à l’endométriose.
La route sera longue!