L’Encyclopédie des migrants, un marathon contre la xénophobie! (Vidéo)

1782 pages, 400 témoignages à travers, 104 pays… La lecture de cette Encyclopédie des migrants a commencé le samedi 5 mars 2017à 18h,  à Rennes, pour s’achever le lendemain à la même heure. Un marathon littéraire en hommage à ceux  qui ont quitté leur pays. Cet ouvrage se veut un plaidoyer contre la xénophobie. Cette encyclopédie va faire le tour de l’Europe jusqu’au mois de juin, avec une étape dans chacune des villes participantes, pour être lu publiquement dans différentes langues. (NDLR)

L’Encyclopédie des migrants voit le jour au terme de trois années de rencontres, de collectes, de recherches et de fabrication. Les villes de Brest, Rennes, Nantes, Gijón, Porto, Lisbonne, Cadix et Gibraltar recevront officiellement leur triple exemplaire des mains de l’équipe du projet à compter du 4 mars 2017. Entre histoire intime et territorialisation affective des migrations…

Une encyclopédie des migrations, intitulée The Encyclopedia of Global Human Migration, est parue en 2013 en 5 volumes réunissant plus de 600 entrées à la suite du travail sur le terrain d’une équipe de chercheurs scientifiques. Tout à la fois complémentaire et radicalement différente, l’Encyclopédie des migrants – qui vient de voir le jour à Rennes – constitue un projet politico-artistique qui prend la forme d’une compilation sensible, parfois même charnelle, de 400 témoignages de personnes migrantes habitant l’arc atlantique entre l’Espagne et la Bretagne. Il a été conçu et initié par la metteure en scène et auteure de projets interdisciplinaires Paloma Fernández Sobrino. La coordination générale est assurée par l’association L’âge de la tortue. Le projet est mené en partenariat avec 53 structures et collectivités européennes. Le projet a convaincu et impliqué une petite équipe de trois personnes qui l’a porté à l’échelle d’un quartier, puis à un niveau national et européen, embarquant finalement plus de 700 personnes — artistes, militants associatifs, chercheurs en sciences humaines et sociales, étudiants en graphisme, citoyens, décideurs publics… — dans son aventure. Le coût final du projet d’environ 600 000 euros a été pris en charge par différentes collectivités, locales comme européennes (la réalisation de chaque exemplaire de trois tomes coûtant environ 2000 euros). Elle sera officiellement remise au maire de Rennes Nathalie Appéré le 4 mars au Triangle et fera l’objet d’une lecture in extenso les 4 et 5 mars à l’Hôtel Pasteur.

Tout a commencé en 2007, lorsque l’artiste rennais Paloma Fernández Sobrino, invitée par L’âge de la tortue à participer au projet Correspondances citoyennes, a choisi d’aborder le thème des migrations à travers le prisme de l’intime. À la suite de cette initiative, l’artiste a poursuivi ce travail de collecte de lettres-témoignages de personnes migrantes dans le quartier du Blosne, à Rennes, ce qui a donné lieu à deux publications. Une dynamique est née de ce travail, à l’échelle du quartier et de la ville, tissant un réseau de témoins potentiels, si bien que Paloma Fernández Sobrino a proposé à l’équipe de L’âge de la tortue, en 2014, de développer la démarche existante et de produire un objet emblématique : une encyclopédie.

L’encyclopédie des migrants s’approprie la forme de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (un livre monumental, en plusieurs volumes reliés en cuir), dans l’optique de diffuser un savoir issu d’expériences de vie, avec toute la subjectivité que cela implique. Quatre cents témoignages deviennent la source d’un savoir nouveau, fondé sur l’intime et l’individuel. Ce geste de détournement de l’Encyclopédie des Lumières, symbole incarné des savoirs dits légitimes, ose donner la parole aux premiers concernés : les personnes migrantes elles-mêmes.

Les témoins s’expriment à travers une lettre manuscrite intime, adressée à une personne proche restée au pays et rédigée dans leur langue maternelle. Chaque lettre est accompagnée de sa traduction dans une des 4 langues de publication du projet — le français, l’espagnol, le portugais et l’anglais — et d’un portrait photographique.

Objet qui fait masse — par son poids (près de 3 kg pour chacun des 3 tomes !) et par le nombre des témoignages —, l’encyclopédie des migrants est une œuvre inclassable, éditée en seulement 8 exemplaires, qui est remise aux villes partenaires sous cette forme imposante, laissant à celles-ci la responsabilité de prendre soin d’elle, de la faire vivre et de la diffuser.

Les remises officielles auront lieu dans les 8 villes européennes du 4 mars (à Rennes) au 28 juin 2017 (à Gibraltar). L’encyclopédie des migrants s’ancre aussi dans son époque et sa version numérique sera accessible en ligne gratuitement à compter du 4 mars également, offerte à une large diffusion publique en ligne.

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