Par Alain Sanders
Alabama 1818. John Breen (John Wayne), du 2e Régiment du Kentucky, rencontre, à Mobile, la jolie Fleurette (Vera Ralston). C’est la fille du général français DeMarchand (Hugo Haas) qui veille, à Demoplis, sur une colonie d’exilés de l’Empire napoléonien passés en Amérique après la défaite de Waterloo.
Ce général DeMarchand est en fait inspiré par le personnage du général Lefebvre-Desnouettes qui installa effectivement, en Alabama, la Colonie de la vigne et de l’olivier. En 1817, au grand dam de certains Anglo-Américains d’Alabama, le Congrès US avait autorisé les vaincus de l’Empire, à qui des terres avaient été concédées, à fonder quatre villes dans l’Etat.
John Breen compte fleurette à Fleurette et il finit par la demander en mariage. Refus du général DeMarchand qui a promis sa fille au puissant Blake Randolph qui lui a promis, lui, un appui financier.
Le Fighting Kentuckian (c’est le titre original du film) ne baisse pas les bras. Il s’installe dans la région avec son ami Willie Paine (interprété par Oliver Hard (« orphelin » de Stan Laurel dans cette histoire).
L’installation des Français a exacerbé des jalousies, nous l’avons dit, les Anglo-Américains du coin souhaitant récupérer leurs terres. Ils vont devoir faire face aux manœuvres d’une bande de rascals emmenés par le promis de Fleurette. Heureusement John Bree veille au grain avec ses Kentuckiens. Pas de ça, Lisette (pardon : Fleurette) !
Tout finira bien, John et Fleurette se mariant, un brin de French Touch en plus.
Le Bagarreur du Kentucky a été réalisé par George Waggner (1) en 1949. John Wayne sortait de Three Godfathers (John Ford) et du Réveil de la Sorcière rouge (un film, hélas ! méconnu, d’Edward Ludwig).
Après L’Ange et le Mauvais Garçon (James Edward Grant), Le Bagarreur est le second film produit par John Wayne. La critique cinématographique compassée tiendra ce film pour une œuvrette sans grand intérêt. Pourtant, même si on n’est pas dans les sommets de La Charge héroïque, ce film est loin d’être inintéressant.
Malgré quelques faiblesses d’un scénario qui traîne un peu en longueur (et en langueur), Le Bagarreur a ce mérite de raconter une période de l’histoire des Etats-Unis peu traitée au cinéma (et quasiment ignorée en France, alors qu’elle concerne des Français). Il y eut ainsi la Colonie de la vigne et de l’olivier en Alabama, mais aussi le Champ d’Asile du général Lallemand au Texas. Sur le sujet, lire Les Derniers Fidèles (Flammarion) d’Anne Boquel et Etienne Kern.
A noter que, dans Le Bagarreur, John Wayne porte le bonnet de trappeur en peau de castor qu’il portait déjà, dix ans plutôt, dans un autre de ses films (méconnu lui aussi), Le Premier Rebelle (titre original : Alleghany Uprising). Il le retrouvera, dix ans plus tard, dans son Alamo (je dis son car il porta ce film comme on porte un enfant). John Wayne, trappeur et sans reproches…
(1) Réalisateur, par ailleurs, de l’excellent western La Vallée maudite (titre original : Gunfighters) avec Randolph Scott.