La mauvaise gestion de l’ancien président de l’université d’Orléans a creusé un déficit de 12 millions d’euros. Des suppressions de postes et de formations sont prévues. Il faudra «au moins cinq ans» pour que l’établissement s’en remette.
Des notes de frais injustifiées, des factures téléphoniques de 8500 euros et des billets d’avion Paris-Cayenne «classe affaires» facturés à l’université d’Orléans. Outre ces dérapages personnels, Youssoufi Touré est critiqué pour sa gestion de l’établissement, qu’il a présidé au cours de deux mandats entre 2009 et 2016. À son départ, il a laissé un déficit cumulé de 12 millions d’euros, soit près d’un dixième de son budget annuel. Des 75 universités françaises, celle d’Orléans se retrouve dernière pour sa gestion, selon l’agence d’information spécialisée AEF.
C’est en prenant sa succession qu’Ary Bruand a découvert la réalité des comptes de l’université. Il avait auparavant exprimé sa défiance envers Youssoufi Touré en démissionnant, en juin 2013, de son poste de vice-président. À sa prise de fonction au printemps dernier, il a diligenté un audit qui confirme l’existence d’«arrangements» dans les comptes.
Au conseil d’administration aussi les dérives de la gouvernance de Touré étaient dénoncées depuis longtemps. Maïtine Bergounioux, qui y a siégé de 2007 à 2012, en pointe le manque de transparence. (…) Le bilan que Youssoufi Touré laisse derrière lui n’a pas empêché l’homme de 56 ans d’être nommé recteur de l’académie de Guyane en mars 2016. Il a démissionné de ce poste ce mercredi 4 janvier, quelques jours après la publication d’une enquête de Libération à son sujet. «Une décision personnelle», justifie-t-il. Le bruit provoqué par son bilan à l’université d’Orléans y est sans doute pour beaucoup… mais pas seulement. Le mois dernier, des agents de l’Éducation nationale avaient manifesté devant le rectorat de Cayenne pour dénoncer leur «mal-être» et le comportement des collaborateurs de Youssoufi Touré.
Le ministère de l’Enseignement supérieur confirme auprès du Figaro Étudiant qu’une «enquête de l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche) est en cours [et que] nous n’en avons pas encore les conclusions à ce stade». Youssoufi Touré devra, à son retour en métropole, répondre à la convocation du ministère.