Une délégation d’imams français au Vatican

 

Une délégation de responsables musulmans français sera en visite à Rome cette semaine, du 6 au 8 janvier, dans le but d’encourager le dialogue islamo-chrétien. Ils seront accompagnés par les deux principaux responsables de ce dossier au sein de la Conférence des évêques de France : Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes et président du Conseil pour les relations interreligieuses, et le père Christophe Roucou, directeur du service pour les relations avec l’islam.

Organisé par le Secrétariat des Relations avec l’Islam de la CEF, ce voyage se veut être témoin du dialogue interreligieux en France, car selon les mots de Mgr Michel Dubost, « dans un monde qui aime le spectacle de la violence, il est bon de montrer l’entente cordiale qui se développe en France entre la majorité des musulmans et la majorité des chrétiens. La visite de ces grands leaders musulmans à Rome en est le signe ». En écho, ce que le Dr Djelloul Seddiki attend de cette rencontre, « c’est d’abord vous écouter, échanger nos expériences et partager ce moment solennel en priant Dieu, Allah, d’accepter nos diversités, et rapprocher ses créatures dans l’amour, le respect, l’estime, et l’affection ».

L’Eglise en France en accompagnant ainsi ces représentants musulmans auprès du Siège apostolique met en pratique l’appel commun du Pape François et du Patriarche Bartholomée du 30 novembre 2014, à reconnaitre « l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’Islam, basé sur le respect mutuel et sur l’amitié ».

La délégation comprend quatre personnalités musulmanes connues pour leur désir d’une relation de confiance avec les catholiques : Tareq Oubrou, recteur de la Grande mosquée de Bordeaux, Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France (UMF) et ancien président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Djelloul Seddiki, directeur de l’institut Al-Ghazali de la Grande mosquée de Paris, et Azzedine Gaci, recteur de la mosquée Othman à Villeurbanne, et ancien responsable du Conseil régional du culte musulman (CRCM) de Rhône-Alpes.

Le 1er octobre, Azzedine Gaci avait été à l’initiative de l’Appel des 110 avec le père Vincent Feroldi, délégué épiscopal pour les relations avec l’islam dans le diocèse de Lyon. Cet appel de 110 personnalités religieuses contre l’extrémisme avait donné lieu à une manifestation place Bellecour, au centre de Lyon, qui faisait suite à de nombreux signes de fraternité des musulmans de France à l’égard des minorités persécutées en Irak et en Syrie.

Début septembre, notamment, les principales organisations musulmanes de France avaient demandé qu’une prière soit lue dans toutes les mosquées de France le vendredi 12 septembre, « à la mémoire de nos frères chrétiens d’Orient victimes de l’intolérance et de la barbarie ». Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui est aussi président du CFCM, avait alors déclaré vouloir « opposer la force de l’esprit à la force des armes ».

Ces prises de position donnaient une réponse positive à l’interpellation vigoureuse, à la fin de l’été, du cardinal Jean-Louis Tauran. Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux s’était étonné du manque de réactivité des autorités musulmanes face aux exactions commises en Irak et en Syrie par le prétendu État islamique. Le cardinal Tauran rencontrera justement cette délégation islamo-chrétienne ce jeudi 8 janvier à midi.

Comme l’a exprimé Mohammed Moussaoui, président de l’Union des Mosquées de France (UMF), “au moment où les extrémismes s’expriment avec violence et usent de toutes leurs forces pour exacerber les tensions et attiser les peurs, nous devons assumer notre rôle de témoins : « Nous avons fait de vous une communauté éloignée des extrêmes pour que vous soyez témoins parmi les hommes et que le Prophète soit témoin parmi vous » (Coran : 2-143). La première qualité requise pour la validité d’un témoignage est la présence effective du témoin. Parfois, par sa seule présence, le témoin peut changer le cours des évènements et faire en sorte que l’irrémédiable soit évité. Nous n’avons pas seulement pour mission de constater les faits, mais nous devons oeuvrer pour les modifier dans le sens du bien.”

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