Par Aline Adrenne
Avec le centenaire de la Guerre de 14, nous serons amenés à parler de La Main coupée, ce livre où Blaise Cendrars raconte son engagement dans la Légion, la vie du front et le tir d’obus qui le laissa manchot. La blessure ne fit pas entrer l’écrivain dans une quelconque tanière. Au contraire, elle décupla l’envie de voyage et d’aventure qu’il avait manifestée dès l’adolescence en fuguant à Berlin puis en partant pour la Russie aux côtés d’un marchand du nom de Rogovine. « Ses plus grands voyages », celui-là et tant d’autres, sont racontés par Stéphane Georis, lui-même comédien de rue et acteur errant.
Blaise Cendrars ne vivait qu’en mouvement. « Je n’avais donc pas envie de m’arrêter, ni de descendre, ni d’aller nulle part. J’étais si bien entre les trains, bercé dans de la somnolence et du tintamarre. » Il écrivit des poèmes longs comme des trains de marchandises : La prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France (1913), des romans concis comme un coup de sirène de bateau : L’or (1925) ; Rhum (1930). Des livres généreux, écrits en coup de vent et qui font claquer les portes. Il fut aussi journaliste, correspondant de guerre, sans compter les métiers d’un jour pour payer un billet de train et repartir.
Il y avait du bohémien et du gyrovague en Cendrars. Et dans son pseudonyme, de la braise et de la cendre. Le feu couve. Cendrars réchauffe.
• Stéphane Georis, Blaise Cendrars, brasier d’étoiles filantes. Editions Transboréal, collection Compagnons de route. 190 pages, 14,90 euros.