L’interdiction faite aux enfants de chanter Noël ensemble entre les cours, et la transformation de la traditionnelle « fête de Noël » en « fête d’hiver », ont plongé le directeur d’une école élémentaire de Lombardie dans la tourmente médiatique et administrative. Ce dernier, sans avoir reçu aucune pression de la communauté islamique, mais jugeant que quelques paroles d’inspiration chrétienne pourraient heurter la foi des élèves musulmans, en a appelé au laïcisme, à l’irréligion d’État. « Ce n’est pas un pas en arrière le fait de respecter les sensibilités des personnes qui appartiennent à d’autres credo religieux, d’autres cultures. C’est un pas en avant, vers l’intégration et le respect réciproque. »
Parents et autres habitants de Rozzano ont manifesté leur désapprobation devant l’établissement, vite rattrapés par plusieurs personnalités politiques, protestant que l’intégration de l’Autre ne passe par l’effacement de notre culture.
Ce fait divers, qui peut paraître à bien des effets une futilité, a cependant une portée bien plus vaste de la simple recherche de suffrages électoraux ou du respect de la laïcité dans l’espace public. Car, si celle-ci en était la véritable motivation cela signifierait que les sentiments des musulmans importent plus que ceux de nos concitoyens athées, agnostiques ou païens.
Cette polémique est significative pour deux raisons.
Elle arrive tout d’abord à un moment où la société civile, en perte d’identité et soumise à l’immigration massive et incontrôlée, est toujours plus confrontée aux revendications de communautés ethniques et religieuses présentes sur son territoire, et s’inquiète de la force d’un islam prosélyte et souvent conquérant.
Et parce qu’il y a des précédents – entorses aux lois, prétentions iconoclastes, requêtes de destitution de crucifix, de restrictions alimentaires dans les cantines… – les Italiens se sentent menacés dans leur identité et dans leur foi.
À l’opposé, on s’interroge en quoi des étrangers seraient-ils offensés par nos traditions quand c’est de plein gré qu’ils ont choisi de venir s’installer dans le pays occidental le plus fidèle à ses racines chrétiennes, qui n’a de plus jamais été leur colonisateur. Ils ont sciemment préféré une nation de culture chrétienne à un des 50 pays au monde de culture musulmane, consentant qu’il puisse subsister, par-ci par-là, des signes de religiosité, même si nos États sont laïcs. Car nos terres ont une histoire. On peut le regretter ou s’en réjouir, reste le fait que la chrétienté est partie intégrante de cette histoire et de la culture européenne.
Cette affaire est enfin révélatrice de l’échec de la société multiculturelle, inévitablement conflictuelle. Parce que nonobstant les bons sentiments qui en appellent à la fraternité, au “vivre ensemble”, de multiples communautés partageant le même territoire ont des besoins et des volontés différents, parfois incompatibles, qui un jour ou l’autre, dans quelque domaine que se soit, seront amenés à se heurter.
Débattre des bassesses de la nature humaine est inutile. Antagonismes, jalousies, égoïsmes, préférences sont des données anthropologiques consubstantielles à l’homme, quelque soit sa race ou sa religion. Les invitations à la tolérance généralisée n’y peuvent rien.