Un billet d’Isabel Orpy
Ni malade ni obsédé, il cuisine pour vous et bénévolement !
Ce nouvel “OVNI” des fourneaux vient d’être identifié. C’est un curieux, séducteur, cultivé, aimant voyager, pourvu d’un job, un homme ayant entre 300 et 540 mois.
C’est la marque alimentaire, PurAsia, qui a inventé ce terme, si glamour, consécutivement aux résultats d’une étude commandée à l’observatoire international des tendances, Future Foundation. Introspectant plus de 1 000 Britanniques, cette étude a décrypté les us et coutumes des mâles et leur rapport à la cuisine.
Un loisir, non une corvée
S’ils régnent toujours majoritairement en chefs dans les restaurants, depuis les années 70, il est de fait que les hommes s’immiscent de plus en plus dans les cuisines familliales, se mettant aux courses, pluches et tambouilles, privilèges longtemps dévolus aux femmes. C’est ainsi que 52% des messieurs considèrent que cuisiner est un loisir, non une corvée. Les temps ayant évolué, désormais, 70% des femmes travaillent, alors qu’en 1961, elles n’étaient que 50%…
C’est peut-être ce qui explique que les hommes passent cinq fois plus de temps à cuisiner qu’au début des années 60. Sans oublier le nombre croissant de célibataires, de divorcés, d’esseulés…
Toutefois, cette tendance s’est amplifiée au début des années 2000, quand de jeunes chefs sympathiques furent promus stars télévisuelles, tels Jamie Olive, Cyril Lignac ou Gontran Cherrier.
De plus, le succés des émissions culinaires a valorisé la cuisine quotidienne et masculine. Les “héros” de Masterchef et Top Chef ont prouvé qu’on pouvait être virils, gourmets et très doués. Cette année dans Masterchef, les quatre derniers finalistes étaient des hommes comme dans Top Chef.
L’avénement du gastrosexuel s’inscrit donc dans la logique du temps. Les hommes ont été incités à se bichonner, s’épiler, se faire botoxer, etc. : est arrivé le métrosexuel. Désormais, on leur explique et prouve qu’il est normal et considéré d’aimer cuisiner…
Deux prototypes de gastrosexuels…
Le premier profil correspond à un homme jeune, entre 25 et 35 ans, qui joue de l’art culinaire pour impressionner ses amis et séduire les dames. Un homme aux fourneaux se remarquant davantage qu’une femme à la cuisine, la gente masculine a aussi compris que les femmes apprécient fort que l’on concocte enfin pour elles. La cuisine éveillant des sens peu sollicités au quotidien, soit le goût et l’odorat, sexualité, sensualité et cuisine sont donc intiment liées.
Et les dames ne tarissent point d’éloges… puisqu’elles trouvent qu’un homme qui mitonne est “charmant, adorable, séduisant, sexy voire très sexy”…
Le second profil du gastrosexuel correspond à un homme un peu plus âgé, entre 35 et 45 ans, qui veut maîtriser l’art culinaire pas toujours pour séduire. Il tient d’abord à se prouver qu’il est capable de relever ce défi, affrontant des recettes compliquées, y compris en solo. Pour le plaisir.
Savoureuse cible marketing !
Côté consommation, les gastrosexuels représentent une véritable mane pour les industries. Les hommes adorant les gadgets, bien plus que les femmes, ils n’hésitent pas à acheter les dernières trouvailles, produits ou ustensiles, et à s’équiper. À eux toutes les novations onéreuses, du four qui lit et comprend la recette à la hotte qui dirige la table de cuisson et aux réfrigérateurs qui commandent les courses, etc.
On ignore encore les conséquences du phénomène. Majoritairement, c’est entre 0 et 5 ans que notre comportement alimentaire se forme. Que papa cuisine plutôt que maman changera-t-il quelque chose ? Les femmes vont-elles se sentir dévalorisées de ne plus avoir l’exclu en cuisine et récupérer épluche-légume et “prérogatives” vite fait ?
À l’ére des alertes alimentaires et des messages ventant les bienfaits d’une alimentation équilibrée où, le fait maison retrouve ses lettres de noblesse, il est préférable d’être deux voire UN pour s’en préoccuper et s’en occuper.
Puisse la gastrosexualité contaminer tous nos hommes !
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