L’ « affaire Claustre » avait marqué la France des années 70. Cette archéologue française , qui avait été kidnappée le 21 avril 1974 au Tchad par un groupe de rebelles du nord du pays — conduit par deux hommes dont les noms resteront eux aussi dans l’histoire, Goukouni Weddeye et Hissène Habré, est décédé dimanche des suites d’une longue maladie. Le calvaire de Françoise Claustre dura 33 mois, jusqu’à sa libération en 1977, après d’innombrables péripéties.
Mouillée dans la Françafrique
Françoise Claustre avait été enlevée en compagnie d’un médecin allemand, le Dr Christophe Staewen, et d’un fonctionnaire français, Marc Combe. L’Allemagne acceptant les conditions des ravisseurs, le médecin allemand est très vite libéré. Marc Combe, pour sa part, parvient à s’enfuir en 1975. La France giscardienne, mouillée jusqu’au cou dans la ” Françafrique “, refuse initialement de négocier avec les rebelles du Tibesti, ces montagnes d’allure lunaire aux confins de la Libye qui leur servent de forteresse naturelle. Elle finit par envoyer un vieux connaisseur du Tchad, le commandant Galopin, qui sera finalement arrêté, condamné à mort et exécuté par Hissène Habré.
L’épopée ne serait pas complète sans le rôle de Pierre Claustre, son mari, qui tente par tous les moyens de faire libérer sa femme, y compris en tentant de livrer lui-même des armes aux rebelles en guise de rançon, pour finir prisonnier lui aussi, et enfin libéré avec son épouse deux ans après, en 1977. Derniers acteurs, les photographes Raymond Depardon et Marie-Laure de Decker, qui parviennent jusqu’au Tibesti en 1975, et enregistrent une interview bouleversante de Françoise Claustre qui aura un grand impact en France et fera pression sur le gouvernement pour qu’il agisse.
Un Premier ministre négociateur
L’année suivante, le Premier ministre de l’époque se rendra en Libye, et négociera avec le colonel Kadhafi la libération des époux Claustre qui attendra encore neuf mois avant de se concrétiser. Ce Premier ministre s’appelait … Jacques Chirac !
L’«affaire Claustre» inspirera à Raymond Depardon son film «La captive du désert», avec Sandrine Bonnaire. Quant à l’archéologue elle-même, elle restera largement silencieuse tout en reprenant son travail dans un cadre montagneux aussi mais plus calme : les Pyrénées.