” Réfugiés: dissiper des contre-vérités”!

Après des chercheurs de l’INSEE, voici que des chercheurs de l’IRD* entrent dans la propagande, pour  nous faire avaler l’invasion migratoire, sous la caution très discutable de ‘la science-annihilant-les-contre-vérités’… Alignant chiffres invérifiables et autres assertions…voici leur prose et leurs ‘vérités’… le titre de cet article étant le leur! (NDLR)

“Les travaux réalisés par les chercheurs en sciences sociales dans le domaine des migrations apportent des clés de lecture à l’afflux actuel des demandeurs d’asile (DA) et, ce faisant, dissipent quelques contre-vérités. La Première porte sur le caractère ‘exceptionnel’ de l’afflux actuel des DA. Une mise en perspective historique révèle en effet, que dans un passé pas si lointain, l’Europe a fait face à des afflux de migrants et de réfugiés d’ampleur comparable, sinon supérieure. En 1992 par exemple, ce ne sont pas moins de 700 000 personnes fuyant l’ex-Yougoslavie que l’Europe a vu arriver à ses portes. Plus inédite en revanche est l’origine très diverse des demandeurs d’asile : parmi les quelques 380 000 migrants et réfugiés qui sont arrivés en Europe via la Méditerranée depuis Janvier dernier, 50% sont syriens. L’autre moitié est composée d’Afghans, d’Erythréens, de Nigérians, de Somaliens, d’Irakiens, de Pakistanais, de Soudanais, etc qui pour la plupart fuient la guerre ou la violence et craignent pour leur sécurité (hommes jeunes et valides fuyant au lieu de se battre pour leurs pays..)

La Deuxième contre-vérité porte sur l’incapacité de l’Europe à ‘absorber’ un tel afflux. Rapporté à la population européenne, le nombre de DA est quantité négligeable et ne souffre pas la comparaison avec le nombre de réfugiés syriens accueillis au Liban (1,4 million), en Jordanie (1 million), ou encore en Turquie (2 millions). Il ne souffre pas non plus la comparaison avec le nombre de réfugiés qui, en Afrique ou ailleurs, vivent dans des camps à l’extérieur des frontières de leurs pays. Car 86% des réfugiés de la planète se trouvent dans des pays en développement dont les capacités logistiques et économiques pour accueillir des réfugiés et des migrants sont pourtant bien en-deçà de celles des pays européens.

La Troisième contre-vérité concerne le coût que feraient peser les réfugiés, et plus généralement les migrants, sur l’économie des pays d’accueil. Encore peu nombreux il y a quelques années, les travaux évaluant l’impact de l’immigration sur le marché du travail ou les finances publiques dans les pays d’accueil concluent généralement à un coût net nul (Les rapports Milloz, Gourévitch, Laulan, Posokhow disent le contraire), sinon négatif, autrement dit à une contribution nette positive ! Certes à très court terme, dans le cas des réfugiés, les coûts supportés par l’état l’emportent probablement, mais ils pourraient  être bien moindres si les DA étaient autorisés à travailler dès leur arrivée dans les pays d’accueil (dont ils ne connaissent ni la langue ni les coutumes qu’ils rejettent). Or c’est loin d’être toujours le cas. En France par exemple, la législation impose aux DA de laisser passer un délai d’un an de procédure devant l’OFPRA avant de pouvoir accéder au marché du travail.

A ces éléments de clarification  que les chercheurs ont apportés au débat, on pourrait en ajouter un dernier qui, à l’inverse des précédents, a été jusqu’à présent peu mis en avant. Alors que les situations de conflits ou de chaos constituent la principale cause de l’afflux actuel des réfugiés en Europe  il n’est sans doute pas inutile d’évoquer l’existence d’une relation inverse et de signaler que les réfugiés et plus généralement les diasporas peuvent œuvrer en faveur de la sortie de crise et la reconstruction de pays dont ils sont originaires. En effet si les exilés ont souvent été accusés de soutenir des mouvements nationalistes ou terroristes. On pense notamment aux diasporas tamoule et somalienne. Il existe de nombreux cas où, à travers des transferts économiques, sociaux et politiques, ils ont assurément contribué à jouer un rôle pacificateur en oeuvrant qui pour le rétablissement d’un état de droit, qui pour la réconciliation nationale qui pour la tenue d’élections libres et multipartites. A cela s’ajoute le travail de sensibilisation et de lobbying qu’effectuent certaines organisations issues de la diaspora dans les sociétés d’accueil  qui peuvent favoriser des prises de décision ‘éclairées’ en matière de politique étrangère. On le voit, les arguments en faveur de l’accueil ne manquent pas.”

(Sciences au sud, Le journal de l’IRD, N°80, Oct. 2015 p.15)

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