Marlène Schiappa, dans un entretien au magazine féminin Elle, avoue son penchant pour la magie et la sorcellerie. Rassurez-vous, elle ne les pratique pas, elle ne jette pas des sorts à ses opposants ! Elle a « des amies qui tirent les cartes ou [lui] envoient des SMS avant des moments importants », avec une « formule de protection » : cela « donne confiance », confie-t-elle. Superstitieuse, notre lady Marlène ?
Gardez-vous de vous moquer d’elle ! De grands empereurs romains s’entouraient d’astrologues. Plus près de nous, il est notoire que François Mitterrand consultait Élizabeth Teissier, avant toute décision importante. Tout au plus chagrinera-t-elle les Corses, qu’elle semble considérer comme superstitieux : « Je suis originaire de Corse et, dans mon village, les mythes et la magie font partie de nos légendes depuis toujours. On y pratique encore parfois des rituels pour enlever le mauvais œil. Par exemple, j’ai du corail autour du poignet et un bracelet avec le chiffre 4. »
Pourtant, elle s’est toujours montrée hostile aux croyances irraisonnées, surtout quand elle vise les catholiques, qu’elle traiterait volontiers d’obscurantistes. En février dernier, elle évoquait une « convergence idéologique » entre la Manif pour tous et les « terroristes islamistes ». Elle avait dû présenter ses excuses à toutes les personnes « qui auraient pu se sentir sincèrement blessées ». Elle avait reconnu que « lorsqu’un message est mal reçu, c’est qu’il a été mal émis » – serait-elle sotte, en plus ? –, expliquant qu’il subsistait « une convergence idéologique entre différents courants de pensée se rejoignant dans le refus de l’altérité, dans la remise en cause des droits des femmes ou des droits des personnes LGBT+ ».
Nous voilà rassurés ! Notre Circé du XXIe siècle ne veut pas transformer en pourceaux terroristes les nombreux Français qui soutiennent la Manif pour tous ou les associations qui appellent à défiler le 6 octobre. Mais elle les traite implicitement d’obtus et de réactionnaires. Marlène Schiappa, comprenez-le, vous respecte dès que vous êtes d’accord avec elle et partagez ses préjugés. Elle admet qu’on puisse avoir une opinion différente de la sienne, mais il faut la garder pour soi. Pas question de se remettre elle-même en question !
Que ne prend-elle exemple sur l’homme qui l’a nommée à son poste ? En mai 2017, juste après l’élection présidentielle, un article de la Revue des deux mondes soulignait les qualités de magicien d’Emmanuel Macron. Il montrait comment « le parcours et la méthode de “Macron l’enchanteur” font écho à des pratiques bien connues du monde de la prestidigitation ». Il ne transforme pas les autres en pourceaux mais a la capacité de se métamorphoser pour séduire son interlocuteur. Lui aussi est passionné de magie, mais c’est par calcul, pour mieux égarer l’esprit d’autrui.
Voyez-le hier soir, à Rodez, inaugurant le grand débat sur les retraites, dans l’exercice d’enfumage qu’il affectionne. Il a cherché à rassurer, affirmant que l’âge légal ne bougerait pas, si l’on cotisait davantage, et que la fin des régimes spéciaux serait réalisée, oubliant de préciser qu’il y a d’autres moyens, pour atteindre cet objectif, que de créer un système par points. Il s’est même engagé à fixer « des règles d’or » pour garantir la valeur du point, affirmant que le niveau de vie des retraités ne doit pas être dégradé ! Comment ne pas être ensorcelé par ces promesses ? Peut-être en constatant que, depuis qu’il est au pouvoir, il ne cesse de s’attaquer au pouvoir d’achat des retraités.
Les magiciens sont plus ou moins habiles, mais beaucoup sont des charlatans !
Philippe Kerlouan – Boulevard Voltaire