Ça vous manquait sans doute, avouez-le. Eh bien, le ministère de la Propagande a pensé à vous. Un nouveau film Bisounours à souhait sera bientôt sur vos écrans. Le 15 octobre.
Ça s’appelle « Samba ». Le titre sonne Brésil, plage, musique, femmes pulpeuses… mais – pas de bol – il faudra encore une fois se coltiner une histoire de gentil sans-papiers bien de chez nous.
Peu importe vos états d’âme. L’on vous conseille vivement d’y assister, d’en parler avec vos amis, vos collègues et, surtout, d’aimer. De verser une ou plusieurs larmes. De culpabiliser aussi. De baisser la tête, le cœur lourd, en rentrant chez vous après la séance. Même votre kebab vous restera en travers de la gorge. Parce que c’est le but. Parce que c’est comme « Intouchables ». Ne pas aimer signerait votre arrêt de mort social, et sur votre front diabolique rougiraient soudain les lettres immondes : F. A. C. H. O. Essayez de faire le mariole en famille ou au bureau et balancez que vous trouvez « Intouchables »insupportable et profondément mal joué…
Alors, répétez après moi : « Samba » est un film forcément magnifique. Tout au moins, sa promotion tout-terrain fera l’effet d’une charge de Panzer dans la plaine ukrainienne. La Kommandantur, Ruquier et Le Petit Journal sont prêts à postillonner leur bonheur antiraciste. Le ticket d’entrée sera – qui sait ? – remboursé par la CAF ou déduit de vos impôts…
En plus, pour ne rien gâcher, Omar Sy (l’acteur officiel du régime) brillera une nouvelle fois de son incomparable talent. Il est la lumière du cinéma français actuel, reléguant – il faut bien le dire – les sinistres Delon, Gabin et autres Ventura dans les abîmes de la médiocrité.
Prosternez-vous, humbles prolétaires du vide ! Le casting nous éblouira de ses mille feux : outre l’immense Charlotte Gainsbourg, Tahar Rahim et Izïa Higelin compléteront l’escouade de rêve. Du lourd, non ?
Aux manettes, Olivier Nakache et Éric Toledano qui, dans « Intouchables », avaient déjà fait d’Omar Sy une icône. Dans « Samba », « ce dernier semble avoir un cœur gros comme une montgolfière et galère atrocement pour obtenir la régularisation de ses papiers », explique joliment, à la manière des frères Goncourt, certes un peu renouvelée, la plume de Mehdi Omaïs dansMetronews.
J’oubliais… L’histoire : « Samba » est un sans-papiers sénégalais qui vit en France depuis… 10 ans. Comme il arrive toujours des miracles dans cette France multiculturelle fantasmée, le clandestin finit par croiser le chemin d’une jeune femme (Charlotte Gainsbourg) qui milite avec une « rebelle sympathique » (Izïa Higelin) — dixit la même presse — dans une association de soutien aux immigrés. Et ils vécurent heureux et votèrent tous en famille contre le FN !