Thilo Sarrazin est une personnalité publique très importante en Allemagne. Banquier et homme politique membre du SPD – parti de centre-gauche -, il est aussi l’auteur de plusieurs livres à succès, dont notamment L’Allemagne disparaît, qui est le livre politique le plus vendu de la décennie en Allemagne. Il revient aujourd’hui sur le devant de la scène en publiant un nouvel ouvrage dédié à l’analyse de la menace que l’islamisation de l’Europe fait planer sur notre civilisation.
Notre correspondant allemand revient en détail sur la réception évidemment hostile de la caste politico-médiatique allemande.
Une idéologie violente déguisée en religion
Il y a tout juste 8 ans, Thilo Sarrazin, membre de la SPD – il en est encore membre, ses « amis » ayant alors échoué à le virer : ils ont d’ores et déjà annoncé leur intention de réitérer leur tentative – et alors ministre des Finances de la ville-état de Berlin, se taillait un joli succès éditorial avec son livre Deutschland schafft sich ab. Le 30 août, il a récidivé avec un nouveau brûlot, sous le titre un rien provocateur de Feindliche Übernahme, OPA Hostile. L’OPA dont il s’agit est évidemment celle de l’islam, dont Sarrazin explique qu’il est une idéologie de la violence déguisée en religion, sur une société occidentale dont les défenses sont sérieusement émoussées.
Le 30 août, à l’occasion d’une conférence de presse qu’il a donné conjointement avec son ami et camarade de la SPD Heinz Buschkowsky, ancien maire de Neukölln, il a donc présenté ce nouvel opus, qui pour l’essentiel reprend et poursuit la thèse du premier.
Parmi les éléments du livre relevés lors de la conférence de presse, on trouve l’idée que « la vie des Musulmans est marquée par une natalité qui constitue le problème concret et la menace réelle pour le monde occidental ».
Une proposition de réforme radicale du droit d’asile
Un autre aspect important est la réforme du droit d’asile que souhaiterait Sarrazin. Pour lui, la loi actuelle constitue en l’état une porte ouverte à l’immigration illégale. L’auteur suggère que la décision d’accorder le droit d’asile soit prise en moins de 30 jours, période pendant laquelle le demandeur serait maintenu dans une zone de transfert. On supprimerait le droit de faire appel de la décision et le retour se ferait au frais de l’impétrant.
Sarrazin précise que si l’asile n’est pas accordé, le retour du requérant débouté devrait intervenir sans délai. Si des pays d’origine se montraient peu coopératifs pour récupérer leurs ressortissants, il envisage même l’usage de moyens militaires.
Les réactions outrées des cosmopolites allemands
Le livre n’a pas manqué de soulever des haut-le-cœur chez les bien-pensants – avant-même sa lecture – et à mettre en branle tout ce que les grands médias et la twittosphère comptent d’esprits progressistes. Le patron des jeunes socialistes (« JuSos ») Kevin Kühnert a demandé avec force – il n’est pas le seul, loin s’en faut – l’exclusion de Sarrazin du parti, regrettant que la procédure ait échouée il y a huit ans. Les plumes et les claviers les plus affûtés se sont mis à l’ouvrage.
A titre d’exemple, on retiendra pour le journal Die Zeit le nom de Georg Seeßlen : « Pour les pamphlets de droite populiste et les romans de gare le même principe prévaut : vous devez dire exactement ce que le lectorat ciblé, dans ce cas un vaste spectre à droite du centre, attend. Vous devez le dire d’une façon qui ne laisse aucune place à l’incompréhension ou au doute, tout en laissant voilées vos véritables intentions. “Fifty Shades of Grey” était emballé de telle manière que le label “pornographie sadomasochiste pour femme au foyer d’âge moyen” n’y est pas resté collé. “Feindliche Übernahme” de Thilo Sarrazin est emballé de telle manière que le label “pornographie raciste et völkisch pour hommes et femmes qui veulent passer du dégoût de soi à la folie des grandeurs” n’y adhère pas ».
On retiendra également l’excellente Judith Görs, qui a commis un article au titre passablement inquiétant : « Sarrazin contre le Coran : un livre qui ne peut que détruire ». Elle y cite un sociologue répondant au nom d’Aladin El-Mfaalani, lequel, dans son livre Le paradoxe de l’intégration (Das Integration-Paradox) explique doctement que celui qui s’imagine « que l’absence de conflit est le signe d’une intégration réussie et d’une société ouverte se trompe. Les conflits ne surgissent pas parce que l’intégration de migrants et de minorité échoue, mais bien parce qu’elle réussit de mieux en mieux.
De ce florilège, on retiendra aussi les titres suivants :
Pour Focus Online : « Destiné à faire peur, argumentation faible, de nature à attiser la haine : les réactions à propos du nouveau livre de Sarrazin »
Pour le Tagesspiegel : « Thilo Sarrazin remet ça – blessant, à la limite du racisme et manipulateur »
Et cerise sur le gâteau, pour la Süddeutsche Zeitung : « L‘Allemagne a besoin de cet ouvrage aussi urgemment que d‘une éruption d‘ébola »
Il ne fait guère de doute que, grâce à cette puissante campagne de presse, ingénieusement suscitée par toute la collabosphère d’outre-Rhin, Sarrazin puisse accrocher une pôle-position dans les ventes des prochaines semaines, sans avoir fait d’autre effort que cette conférence de presse berlinoise. La concomitance fortuite des événements de Chemnitz, où de braves citoyens allemands ont été assimilés sans égards pour leur colère et leurs craintes à des nazillons, devraient renforcer cette tendance. On ignore si la Chancelière, de retour d’Afrique, trouvera le livre sur sa table de travail, elle qui se montre si furieusement silencieuse depuis quelques jours.
François Stecher – Polémia