L’oligarchie politico-médiatique (qui, c’est bien connu, n’existe pas) l’une des plus grosses plaies de ce régime prétendument « démocratique », se porte mieux que jamais. La symbiose et les liens incestueux s’étalent au grand jour entre ces confrères qui veulent nous faire croire qu’ils incarnent l’objectivité et ces politiques qui nous affirment qu’ils sont au-dessus des pressions et des oukases médiatiques.
Il y avait eu Ockrent et Kouchner, Béatrice Schoenberg et Jean-Louis Borloo. Sinclair et Strauss-Kahn, Hollande et Trierweiler, Montebourg et Pulvar, Michel Sapin et Valérie de Senneville, Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, marié à une journaliste du Nouvel Observateur. On se souvient de l’essayiste Raphaël Glucksmann, plume de Benoît Hamon pendant la campagne présidentielle et marié à la journaliste politique Léa Salamé.
Aujourd’hui les politiques deviennent des journalistes et les journalistes deviennent des responsables politiques. Comme l’éditorialiste de Challenges, Bruno-Roger-Petit, qui devient porte-parole de Macron après l’avoir servi pendant toute sa campagne électorale. Et avant lui Laurence Haïm d’I-Télé. Jean-Pierre Raffarin, soutien d’Alain Juppé qui a appelé à voter Emmanuel Macron, devient chroniqueur de la nouvelle émission de Laurent Delahousse « 19h le dimanche », sur France 2 à partir du 10 septembre. Aurelie Filippetti ex-ministre socialiste de la culture, arrive chez Marc-Olivier Fogiel dans « On refait le monde » tous les soirs sur RTL. Tout comme Gaspard Gantzer, l’ancien patron de la com’ de François Hollande. Raquel Garrido, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle rejoint la nouvelle émission hebdomadaire de Thierry Ardisson « Les Terriens du dimanche », sur C8. Henri Guaino ancien conseiller spécial de Sarkozy éditorialisera chaque matin sur Sud Radio entre 8 heures et 8 h 15. Et enfin, last not least, le très socialiste Julien Dray sera tous les mercredis sur LCI pour animer un débat. Roselyne Bachelot en co-présentera un autre tous les jours sur la même chaîne entre 10 heures et 12 heures.
Curieusement Jean Messiha, ancien coordonateur du projet présidentiel de Marine Le Pen, n’est pas le bienvenu au club. L’annonce par l’animateur Christophe Hondelatte de la présence dans son émission de cet ancien énarque et haut fonctionnaire, a immédiatement suscité un tollé. Hondelatte qui prend les rênes d’une nouvelle émission inspirée du « Grand Direct des médias » tous les jours de 17 à 19 heures sur Europe 1, avait promis une « séquence édito qui va un peu secouer les choses » : « On va faire appel à des gens allant dePascale Clark à Jean Messiha, en passant par [la directrice du Bondy Blog] Nassira El Moaddem ou Bruno Roger-Petit [qui n’était pas encore nommé porte-parole de l’Elysée]. J’ai créé une bande de sept personnes qui alterneront et interviendront pour dire leurs convictions. »
Finalement la bande ira du Bondy Blog au… Bondy blog. Comme d’habitude. Dès le lendemain, la rédaction protestait, la Société des journalistes de la station était saisie, une pétition contre l’arrivée à l’antenne de Messiha était lancée et le vice-président d’Europe 1, Frédéric Schlesinger assurait : « Il ne viendra pas. » « La présence d’un élu FN comme chroniqueur régulier d’une radio nationale, a une heure de grande écoute, ne peut à la fois moralement et politiquement être accepté » précise le texte de la pétition. Au nom de la démocratie, du pluralisme et de la lutte contre l’intolérance évidemment !