Atomic Blonde remplit pour le pire, si l’on ose dire, la promesse implicite et paradoxale de son titre : il atteint un sommet de bêtise. La blonde atomique, interprétée par la grande femme naturellement blonde, belle encore, mais ici trop maigre, la quadragénaire Charlize Theron, est une sorte de James Bond au féminin. Le modèle revendiqué n’est déjà souvent pas passionnant, ni même distrayant. L’imitation se montre, logiquement, encore bien pire. L’espionne britannique, à la discrétion nulle – soit une impossibilité majeure dans ce métier si particulier et délicat de l’espionnage – est infiltrée à Berlin-Est afin de retrouver des microfilms précieux perdus par un agent britannique. Il a vraisemblablement été tué par le KGB, les services secrets soviétiques, en effet alors chez eux en Allemagne de l’Est. Le futur président russe Poutine par exemple a été l’un de ces nombreux agents du KGB en RDA – République Démocratique Allemande – dans les années 1980.
Atomic Blonde se déroule durant les dernières semaines d’existence de la RDA, juste avant la chute du mur et l’effondrement complet de cet Etat communiste, en novembre 1989. Le contexte historique, avec les grandes manifestations civiques à Berlin-Est, et une atmosphère de fin d’un monde en RDA, est assez bien rendu. C’est la seule qualité du film. Mais précisément, ce contexte sape la cohérence du propos : un KGB si présent, puissant, à sa manière brutale efficace, n’aurait certainement pas laissé faire la révolution en cours renversant le régime communiste est-allemand…
Atomic Blonde, le type même du film d’action parfaitement idiot
Force est de reconnaître qu’Atomic Blonde, malgré une ambition à l’évidence limitée, se montre dans son ensemble totalement incohérent. Les scènes de bagarres, d’explosions, de courses-poursuites, sont là, placées toutes les dix minutes de façon machinale. Les personnages sont tous sommaires, caricaturaux, ou sonnent faux : comment éprouver de la sympathie, comme suggéré par la réalisation, pour un agent de la police secrète de la RDA en fuite, compliquée, vers l’Ouest ? Il avait probablement commis quelques crimes auparavant, et servi de façon volontaire, en traquant sans aucun ménagement ses opposants réels ou supposés, un régime des plus détestables ! En outre, le recopiage visible des James Bond a poussé à reproduire aussi la scène de débauche rituelle, en ne changeant pas même le sexe du partenaire de l’espion, ou espionne donc ici. Atomic Blonde apprécie donc particulièrement les femmes. Il ne lui manquait plus que ça… Sinon, évidemment, tout le monde trompe tout le monde dans le monde du renseignement, à divers degrés ; mais ce n’est pas une découverte. Atomic Blonde est donc un naufrage cinématographique complet, le type même du film d’action parfaitement idiot proposé sur les écrans durant l’été.