Ma vie de chat est un conte qui s’adresse avant tout aux enfants et aux amis des chats. Un homme d’affaires se consacre quasi-exclusivement à sa tâche professionnelle. Il se montre particulièrement préoccupé par l’inauguration à venir de sa dernière tour à New-York ; il est symboliquement très important qu’elle soit effectivement la plus haute des Etats-Unis, et ne soit pas devancée in extremis par un projet concurrent à Chicago. Derrière le symbole, qui pourrait paraître vain voire puéril, il y a des enjeux publicitaires et financiers évidents. Ce milliardaire brasseur d’affaires est peut-être inspiré de Donald Trump. L’évocation de divorces et remariages du personnage renforce cette hypothèse.
Ce personnage, assez égocentré, néglige donc sa petite fille. Il risque de manquer sa fête d’anniversaire, et d’oublier de lui amener son cadeau. Comme il peut réellement tout lui offrir, il ne peut pas lui refuser son souhait le plus cher, plutôt simple au fond, un chat. Alors, il achète dans l’urgence un animal dans une boutique singulière, tenue par un homme étrange, une sorte de magicien. Puis, victime d’une chute, pas totalement accidentelle, il sombre brusquement dans le coma. Or, grâce au magicien, sa conscience est projetée dans le corps du chat offert à sa fille.
Ainsi débute cette vie de chat. Le film est donc clairement un conte. Il frôle certes le thème de la métempsychose, soit une hérésie grave par rapport à la doctrine catholique. Faudrait-il expliquer à ses enfants, que non, nous ne nous réincarnons pas en chats ? Pourquoi pas. Mais Ma vie de chat ne traite pas exactement d’un tel sujet puisque le corps humain du héros, dans le coma, est toujours bien vivant. Le magicien l’a prévenu qu’il se rétablirait, à condition de réussir à se comporter en bon chat. Dans un premier temps, l’exercice s’avère des plus difficiles. Ma vie de chat propose un mode d’explication loufoque de toutes les grosses bêtises que peuvent commettre nos amis à quatre pattes et à moustaches. Certaines scènes relèvent typiquement du film pour enfants, avec des gags peu fins tournant par exemple autour de l’apprentissage de la litière ; d’autres, en suivant la logique du scénario, forment cependant des scènes vraiment originales, voire d’anthologie, comme la tentative d’écriture d’une phrase avec un stylo avec des pattes de chat, ou la technique féline originale pour boire du whisky.
L’intrigue, certes pas totalement imprévisible, et parfois outrée, comme dans tout film pour enfants et a fortiori conte, comprend nonobstant quelques coups de théâtre bienvenus. Le public adulte de bonne volonté, ou du moins aimant les chats, ne s’ennuie pas du tout. A défaut d’être un grand film, ce qu’il n’est certainement pas, Ma vie de chat propose une agréable distraction.