Les auteurs se sont, en effet, fondés sur la méthode onomastique (correspondant à une analyse des prénoms) afin d’isoler et de mesurer ce vote dans sept communes (Marseille, Roubaix, Toulouse, Perpignan, Aulnay-sous-Bois, Mulhouse et Creil) pour l’élection présidentielle de 2012 et les élections municipales de 2014. Des entretiens individuels sont venus compléter les analyses quantitatives. C’est déjà l’institut IFOP qui avait élaboré l’enquête selon laquelle 86% des musulmans avaient voté Hollande au second tour en 2012, et que c’était ce « sur-vote » qui avait permis l’élection du candidat socialiste. Aucune autre catégorie de population n’avait voté de manière aussi massive en faveur d’un candidat, ou plutôt contre un autre. Car, nous le savons, c’est d’abord contre Nicolas Sarkozy que les Français, et plus encore l’électorat arabo-musulman, ont voté.
D’aucuns ont tenté de faire accroire que la défaite de Sarkozy avait été causée par la ligne Buisson et par la « stigmatisation » de cet électorat ; l’ineffable Bruno Le Maire s’était demandé, à propos des quartiers que la novlangue qualifie désormais de « populaires », « Pourquoi les gens qui ont l’habitude de nous faire confiance ne l’ont pas fait cette fois-ci ». L’objectif des Le Maire, Baroin et autres NKM était clair : montrer que l’hostilité de l’électorat arabo-musulman à l’égard de la droite parlementaire était récente, fondée sur le rejet d’une personne et donc non structurelle. L’ouvrage de Jérôme Fourquet démontre l’inanité de chacun de ces termes de l’analyse.
Un électorat anciennement et structurellement hostile aux droites
En effet, à partir d’un cumul d’enquêtes menées entre 1988 et 2001 (c’est-à-dire la période où la droite était dominée par Jacques Chirac), l’IFOP estime que les musulmans sont 46% à se situer à gauche, 36% ni à gauche, ni à droite, 12% au centre et 4% à droite. Dans l’enquête RAPFI (Rapport au politique des Français issus de l’immigration) de 2005, 76% des Français d’origine maghrébine, africaine et turque sont proches d’un parti de gauche. Les auteurs affirment ainsi sans ambiguïté que « Ce tropisme à gauche n’est pas conjoncturel puisqu’on le retrouve sur près de vingt ans de politique française et à partir de sources diverses ».
Le tableau suivant est particulièrement éclairant :
L’évolution du vote des musulmans au premier tour en 2002, 2007 et 2012
Présidentielle de 2002 Présidentielle de 2007 Présidentielle de 2012
Extrême gauche + PC 19 10 21
PS + alliés 49 58 57
Verts 11 3 2
Bayrou 2 15 61
Droite 17 8 7
Boutin/Villiers/Dupont-A. 1 2 2
Extrême droite 1 1 4
Autres – 3 1
Le vote des musulmans évolue finalement assez peu entre 2002 et 2012 : le bloc des gauches (80% en 2012) se montait déjà à 79% en 2002.
A la présidentielle de 2012, 29% des ouvriers/employés ont voté en faveur de Marine Le Pen, 27% pour François Hollande ; mais si l’on isole la composante musulmane de cet électorat, celle-ci se prononce à 63% en faveur du candidat socialiste (5% pour MLP). Ce chiffre démontre à lui seul qu’au sein d’une même classe sociale, le critère ethnoculturel détermine les préférences politiques.
Si l’on considère le vote des Français ayant au moins un parent ou un grand-parent né dans un autre pays d’Europe, on constate, à l’inverse, peu de différences avec le vote de l’ensemble des Français : le bloc de gauche obtient 44% (44% pour l’ensemble des Français), Bayrou 11% (9%), Sarkozy 22% (27%) et Marine Le Pen 22% (18%). Ces chiffres favorables à la candidate frontiste confortent l’idée que ces Français, souvent totalement assimilés à la communauté nationale, sont plus exigeants vis-à-vis des nouveaux entrants et affirment leur volonté de voir ceux-ci respecter les us et coutumes français comme l’avaient fait leurs ancêtres.
François Hollande, le président des musulmans
En ce qui concerne les résultats obtenus à Marseille, Jérôme Fourquet affirme que :« Le calcul des coefficients de corrélation entre les scores à la présidentielle des différents candidats et la proportion de personnes portant des prénoms d’origine arabo-musulmane inscrite sur les listes électorales dans les bureaux de vote marseillais fournit des résultats spectaculaires. Les coefficients (positifs ou négatifs) sont très élevés et l’on n’observe quasiment jamais de tels niveaux en analyse électorale, par exemple, quand on recherche des corrélations entre votes et catégories professionnelles. »
Concrètement, plus la proportion de personnes d’origine arabo-musulmane (AM) est élevée, plus le vote Mélenchon, et surtout le vote Hollande et l’abstention sont élevés ; et, inversement, la participation, et les votes Bayrou et Sarkozy diminuent. Le vote Marine Le Pen est quant à lui assez faiblement corrélé avec la proportion de personnes d’origine arabo-musulmane. Mais le détail des chiffres est intéressant : quand un bureau de vote marseillais ne recense quasiment aucune personne d’une telle origine, Marine Le Pen obtient en moyenne 18.6% (chiffre en deçà du résultat obtenu sur la ville de Marseille, 21.2%, mais élevé tout de même) ; au fur et à mesure que la proportion de personnes d’origine arabo-musulmane augmente, le vote FN décolle. Le pic (30%) est obtenu dans les bureaux qui comportent 15% de personnes d’origine arabo-musulmane. Après il décroît : 16% dans les bureaux où 35 à 50% des inscrits sont AM, 9.3% quand ceux-ci sont majoritaires.
Au second tour, Sarkozy arrive en tête dans presque tous les bureaux de vote comptant moins de 2% d’inscrits AM, dans 80% de ceux qui en comptent entre 2 et 8% ; dès lors que les AM représentent plus de 15% des inscrits, Hollande remporte systématiquement le bureau de vote en question.
Dans les six autres communes analysées, les conclusions tirées du cas marseillais sont confirmées. Ainsi, à Toulouse, Hollande remporte l’intégralité des bureaux de vote comptant plus de 7% d’inscrits AM ; à Mulhouse, c’est à partir de 18% d’inscrits AM que le candidat socialiste remporte tous les bureaux.
La droite se heurte dans les grandes villes au même phénomène que celui qui avait poussé Marie-France Stirbois à quitter Dreux au début des années 2000 : l’évolution de la composition ethnoculturelle de la ville rendait celle-ci ingagnable pour le Front national.
Les musulmans sont-ils passés à droite aux élections municipales de 2014 ?
A Marseille, la corrélation entre proportion d’inscrits AM et vote PS reste forte mais s’érode nettement par rapport à la présidentielle ; plus celle-ci est forte, plus les listes PS de Menucci perdent des points par rapport au résultat de premier tour de Hollande : -6.8 points dans les bureaux comptant moins de 11% d’AM ; -26.7 points dans ceux où ils sont majoritaires. Et cette évaporation s’effectue au profit de l’abstention, qui progresse de 23 points dans la première catégorie de bureaux et de 30.5 points dans la seconde. A noter également que la liste de l’ancien président de l’OM, d’origine sénégalaise, Pape Diouf, voit son score progresser au fur et à mesure que la proportion d’AM augmente : 4.8% des voix dans la première catégorie de bureaux, 13.8% dans la seconde.
Dans le septième secteur de Marseille, conquis de haute lutte en triangulaire par le FN Stéphane Ravier, le candidat frontiste remporte quasiment tous les bureaux comptant moins de 11% d’AM, mais ne peut l’emporter que dans un seul des 17 bureaux où la part d’AM est supérieure à 35%. Le sur-vote FN se retrouve dans les bureaux limitrophes de quartiers à forte population AM et/ou comorienne.
Trois des sept villes analysées sont passées à droite aux municipales de 2014 : Aulnay-sous-Bois, Toulouse et Roubaix.
A Aulnay-sous-Bois, François Hollande avait obtenu 62.7% des voix en 2012 ; le maire PS sortant est très nettement battu aux municipales de 2014 en n’obtenant que 39.3% des voix dans le duel qui l’opposait au candidat UMP. On constate le même phénomène qu’à Marseille : plus les AM sont proportionnellement nombreux, moins l’UMP a de chances de l’emporter. Mais tandis que Sarkozy ne l’emportait que dans les bureaux comprenant moins de 11% d’AM, le candidat UMP aux municipales l’emporte dans ceux qui comptent jusqu’à 21% d’AM. C’est donc bien plus l’effet classique résultant du mécontentement exprimé dans le cadre d’élections intermédiaires qui a contribué à la défaite du maire PS que des transferts hypothétiques de voix AM en direction de son adversaire. Le candidat PS a retrouvé 48% du total des voix obtenus par Hollande : dans les bureaux de la ville où les AM sont majoritaires, ce chiffre se monte à 62% alors qu’il n’est que de 37% dans ceux comptant moins de 10% d’AM.
A Toulouse, le phénomène est inverse : dans les bureaux comptant moins de 2% d’AM, le maire PS retrouve 64% des voix de Hollande ; mais seulement 37% de ce total dans les bureaux affichant plus de 35% d’AM.
Mais, dans ces deux villes, les gains de la droite par rapport à la présidentielle, pour significatifs qu’ils soient, ne correspondent qu’à une petite partie des pertes de la gauche. C’est d’abord l’abstention, plus que les transferts de voix, qui a causé la défaite de la gauche.
A Mulhouse comme à Aulnay, c’est dans les quartiers AM que la participation augmente le plus d’un tour à l’autre, uniquement au profit de la gauche, mais sans toutefois lui permettre de l’emporter.
A Perpignan, les auteurs affirment sans ambages que le vote est « polarisé autour du clivage ethnique ». Le candidat PS n’obtient que 12% des voix, tandis que le maire de droite sortant obtient ses meilleurs scores dans les quartiers AM. A la différence des autres villes, le FN est en position de force à Perpignan : la victoire de son candidat Louis Aliot était une hypothèse sérieusement envisagée. L’électorat AM a voté « utile », c’est-à-dire pour le candidat le mieux à même de battre le FN, dès le premier tour : les mêmes comportements s’observaient à Dreux dans les années 1990. Inversement, la partie de la droite parlementaire la plus hostile à l’immigration a voté Aliot : l’intensité de sa progression a été la plus forte dans les bureaux les moins AM, qui votent UMP aux élections nationales. Après le retrait du candidat de gauche, le deuxième tour voit s’affronter le maire sortant et Louis Aliot. La participation progresse de 5.8 points sur l’ensemble de la ville, de 9 à 10 points dans les strates de bureaux à plus forte population AM. Dans le bureau comptant le plus d’électeurs AM, le score du maire sortant progresse de 35 points !
La ville de Creil est sans doute celle dont les comportements électoraux constituent une préfiguration de ce que notre pays est amené à connaître. Creil est une ville de 34.000 habitants, qui fut le théâtre de la première affaire du foulard en 1989. Le principal de collège qui révéla l’affaire fut ensuite député de la circonscription entre 1993 et 1997. Jean-Marie Le Pen y obtenait 26% à l’élection présidentielle de 1995 (Jospin obtenant quant à lui 27%) ; 17 ans plus tard, Marine Le Pen n’obtient plus que 17,5% (1.000 voix de moins que son père), quand Hollande caracole en tête avec 46% (2.000 voix de plus que Jospin). L’explication principale de cette évolution électorale tient à la composition de la population : 32% des inscrits sur les listes électorales sont AM ; ils côtoient une population importante originaire d’Afrique subsaharienne (dont les auteurs n’indiquent pas la proportion exacte).
Trois listes principales s’affrontent au deuxième tour des élections municipales :
La liste de la droite et du centre compte trois colistiers sur 39 d’origine AM et a fait campagne essentiellement en direction de la population d’origine française et européenne vivant au nord de la ville ; elle obtient tous ses bons résultats dans les bureaux les moins AM (résultat global de 25.7%) ;
La liste du maire sortant PS (40%) ; 20 colistiers d’origine AM ;
Enfin, une liste « Génération Creil » (http://www.generationcreil.fr/projet) menée par Hicham Boulhamane, ancien adjoint PS parti en dissidence (35.7%) ; 27 colistiers d’origine AM ; clairement communautariste.
Voter pour les plus faibles
L’élément le plus important tient à la stratégie d’Hicham Boulhamane, que nous pensons être partagée et prochainement mise en œuvre par un certain nombre de ses coreligionnaires, et qui s’apparente à la Taqyia islamique : Utiliser la gauche, militer en son sein tout en s’abstenant de prendre position sur des sujets de société tels que la Loi Taubira que l’électorat AM voue aux gémonies, et sortir du bois dès que le rapport de force démographique devient réellement favorable.
Jusqu’à maintenant, les populations AM étaient à la gauche française ce que les Noirs sont aux démocrates américains : un électorat captif qui prévient toute victoire du camp adverse dans les territoires où il est en nombre suffisant.
Lors de l’élection du président de la République en 1887, Clemenceau avait lancé sa fameuse boutade : « Je vote pour le plus bête ! ». Il semble que le comportement électoral des musulmans ait consisté jusqu’à maintenant à voter pour les plus faibles : la gauche des curés xénophiles, qui a substitué l’immigré à la figure du prolétaire « bien de chez nous » qu’elle méprise depuis qu’il lui a fait faux bond en 1968. Cette gauche héritière de Bourdieu et Foucault, qui voit le monde par le prisme exclusif de la « domination », considère que l’immigré extra-européen a été, est, et sera toujours un dominé ; et qu’à ce titre il doit être défendu envers et contre tout.
Tel est le fondement premier de la pensée des islamo-gauchistes. Mais ceux-ci ne sont en réalité que les idiots utiles de l’islam : si dans un territoire donné, les électeurs AM acquièrent un poids tel qu’ils sont à même de faire l’élection à eux seuls, quel intérêt auraient-ils de continuer à voter pour un candidat de gauche ?
Les Noirs américains, présents aux Etats-Unis depuis plusieurs siècles, ne mènent pas un combat de type culturel : dans leur grande majorité, ils souhaitent progresser dans l’échelle sociale, notamment grâce à l’affirmative action (discrimination positive) dans une société dont ils ne contestent pas les fondements (hormis les héritiers de Malcolm X et de Farrakhan qui sont relativement peu représentatifs). A ce titre, la ligne politique des démocrates répond tout à fait à leurs attentes.
En revanche, l’enjeu essentiel pour une part croissante de l’électorat AM en France consiste à faire triompher ses valeurs, sa vision du monde inspirée par l’islam : les combats en faveur du voile et désormais du « Burkini », des menus Halal, de l’enseignement de l’arabe à l’école, de l’instauration de jours fériés musulmans, de « la liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses » (article qui figure dans la loi El Khomri) procèdent tous de la même logique : pas celle de l’égalité, celle de la conquête.
Redevenir souverains pour garder notre identité
Pour conquérir, il faut saper les identités nationales. Les études électorales consécutives au « Brexit » du 23 juin dernier ont révélé que 70% des musulmans avaient voté en faveur du « remain », c’est-à-dire pour le maintien de la Grande-Bretagne dans une Union européenne, libérale-libertaire, fondée sur la religion des droits de l’homme et la souveraineté de l’individu (valeurs bien éloignées de l’islam) mais dont l’objectif principal est surtout la destruction des Etats-nations qui la composent, de leur souveraineté et de leurs défenses immunitaires. L’Europe a un credo : le refus de l’ennemi, le pacifisme intégral comme vertu cardinale. Ses habitants lobotomisés, dévirilisés, persuadés que l’UE les conduit vers un paradis post-historique, feraient d’excellents dhimmis, bien plus aisément soumissibles que des citoyens d’un Etat-nation libre et souverain. Les musulmans britanniques ont voté pour les européistes, pour les plus faibles.
Pour ceux qui en doutaient encore, la défense de l’identité nationale française est intimement liée au combat en faveur de notre souveraineté. Sous couvert de lutte contre les discriminations, l’Union européenne et la Cour européenne des droits de l’homme imposent progressivement une préférence étrangère de fait. Elles sont les premiers agents pathogènes du sida mental qui détruit les anticorps des nations et des peuples. Elles privent les Etats de toute marge de manœuvre en ce qui concerne la politique migratoire. Pour pouvoir redevenir elle-même, la France doit d’abord quitter l’Union européenne et dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme.
Etienne Lahyre – Polémia
Direction Jérôme Fourquet, préface de Gilles Finchelstein, Karim vote à gauche et son voisin vote FN, Editions de l’Aube, collection « L’urgence de comprendre », novembre 2015, 192 pages.