Même le Monde reconnait que « c’est davantage son aptitude à la communication qui semble avoir primé dans le choix de l’exécutif qui a écarté un profil comme celui d’Alain Vidalies, expert du code du travail, mais moins à l’aise médiatiquement ».
Il fut un temps, celui où le chef de l’État nommait ministre des personnes qui avaient de réelles expertises techniques, ou une réelle vision politique au sens noble, ou les deux. Aujourd’hui, nous sommes en médiacratie : l’affichage politique et l’image priment. On nomme Moscovici à l’Économie avec le résultat connu, NVB à l’Éducation pour faire jeune et moderne peu importe les désastres de son incompétence et de son dogmatisme destructeur (mais eux ne sont pas concernés, ils mettent leurs enfants dans les bonnes écoles), Pellerin à la Culture (sans commentaire…) et dernier exemple en date, notre nouveau ministre du chômage.
Elle s’appelle donc Myriam El Khomri. Elle était secrétaire d’État chargée de la politique de la ville et avant cela chargée des questions de sécurité à la mairie de Paris. Elle a manifestement marqué par son efficacité dans ces fonctions… Elle va maintenant pouvoir faire preuve d’autant d’efficacité pour lutter contre le chômage bien que l’univers du marché du travail n’entre ni dans ses compétences, ni dans son parcours professionnel. D’ailleurs, elle n’a quasiment aucun parcours professionnel puisqu’elle est entrée en politique jeune et n’a connu que des fonctions politiques. Comme Moscovici, elle n’a jamais travaillé dans le privé. Mais rassurons-nous car elle a déclaré sur son compte Twitter « Je mesure la responsabilité qui est la mienne. Comptez sur ma combativité et ma détermination au service des Français ». Ouf, je suis soulagé, elle est combative et déterminée ! Comme l’étaient tous les ministres du Travail avant elle qui depuis 30 ans furent condamnés à annoncer mois après mois les chiffres à la hausse de ce fléaux social.
Quand on pense que Rebsamen, un poids lourd du PS, qui a roulé sa bosse en politique depuis 40 ans, a lamentablement échoué dans cette mission, on peut s’interroger sur ses chances de réussite. Etant donné ses études en droit, je doute même qu’elle soit douée pour manipuler les chiffres afin de faire croire d’ici 2017 que la courbe entame « une légère décrue » entrainant « une petite inversion » qui confirme que « nous sommes sur la bonne voie » et qu’à ce rythme le plein emploi sera atteint en 2086.
Même le Monde reconnait que « c’est davantage son aptitude à la communication qui semble avoir primé dans le choix de l’exécutif qui a écarté un profil comme celui d’Alain Vidalies, expert du code du travail, mais moins à l’aise médiatiquement ».
Malheureusement pour nos gouvernants, cette nomination très médiatique (on ne l’attendait pas, une jeune femme, un nom reflétant les valeurs de tolérance et de diversité…) fut assez largement éclipsée par d’autres faits d’actualité dont la photo dramatique du corps du petit Aylan Kurdi.
Soyons sérieux… Le chômage en France est structurel et non conjoncturel. Il est le fruit de multiples blocages de notre société. Seule une réforme profonde du marché et du droit du travail permettrait une décrue sensible. Mais cela nécessite d’abandonner des dogmes idéologiques et de faire preuve d’un très grand courage politique. Myriam El Khomri a-t-elle été nommée pour cela ? En a-t-elle les compétences et la stature politique suffisante ?