Selon un sondage publié par le Figaro Magazine, seuls 13% des Français font désormais confiance à François Hollande. Pour Ivan Rioufol, le président, acculé, a désormais recours à des méthodes despotiques pour rester au pouvoir
Le hollandisme en détresse se prépare au despotisme pour s’accrocher au pouvoir jusqu’en 2017. En effet, le chef de l’État ne peut plus espérer convaincre. Il n’est soutenu que par 13 % des sondés. Son parti, qui n’a pas atteint les 14 % aux européennes, est rejeté par 75 % des Français (74 % pour le FN, 67 % pour l’UMP). À moins que Manuel Valls ne réussisse l’exploit de faire bouger son camp – mais sa déclaration d’amour aux socialistes, dimanche à La Rochelle, a posé les limites de son réformisme -, le PS immobile ne peut aller au bout de son bail constitutionnel qu’en abusant de son savoir-faire dans le dressage idéologique, l’intimidation morale, la contrainte étatique, la désinformation de masse. L’interdiction de critiquer Najat Vallaud-Belkacem, nommée sans compétence particulière à l’Éducation nationale, est un avant-goût de ce que réserve la gauche rejetée.
L’arsenal totalitaire est à portée de main. Les intensifications de l’antiracisme officiel, de la déculturation scolaire et de la propagande médiatique sont les outils les plus performants. La nouvelle ministre de l’Éducation est intouchable parce qu’elle représente la jeunesse et, plus encore, la diversité. Mais c’est Valls qui rappelle ce caractère exotique, alors qu’il admoneste ceux qui «ramènent constamment des populations à leurs origines». C’est Emmanuel Macron, nouveau ministre de l’Économie, qui explique dans Le Point qu’il faut aider ceux qui n’ont pas d’emploi et singulièrement «les jeunes et les Français d’origine étrangère». Najat Vallaud-Belkacem elle-même justifie l’abandon les bourses au mérite, trop élitistes, pour leur préférer «des bourses accordées sur des critères sociaux», c’est-à-dire, pour l’essentiel, sur des préférences ethniques.
Ces «antiracistes» sont fascinés par les nouvelles minorités, au point d’inviter les indigènes à effacer leur propre passé et à se faire oublier. Le ghetto des idéologues n’a d’autres préoccupations que de s’acharner à araser la culture française, en pensant la rendre abordable aux nouveaux venus. C’est ce désintérêt pour les héritages que valide la ministre, soutenue par les associations féministes, quand elle explique (Le Monde, mardi) vouloir «transmettre une culture de l’égalité, de la mixité et du respect entre les filles et les garçons». Ces préoccupations sociétales vident sciemment la nation de ses valeurs émancipatrices léguées au fil des siècles. Les dictatures, pour s’assurer de la docilité des esprits et du clonage des comportements, ont toujours eu comme objectifs de réduire la maîtrise des mots, des connaissances, des capacités de raisonnement.
Faudrait-il se résoudre à cette servitude, au prétexte de respecter une icône? Faudrait-il pareillement ne rien oser dire du laxisme de la politique pénale de Christiane Taubira, sous peine d’être soupçonné d’arrière-pensées détestables? C’est pourtant ce que la gauche sur la défensive entend plus que jamais imposer, avec l’aplomb du déconstructeur et la brutalité du rééducateur. Dans ce combat, elle peut compter sur ses relais médiatiques. Ceux-là n’ont jamais particulièrement brillé par leur esprit critique, sinon quand il s’agissait d’alimenter l’anti-sarkozysme. Elle a aussi comme alliée la partie la plus militante de la magistrature, qui n’a pas renoncé à ajouter des obstacles au retour de l’opposition au pouvoir. Mercredi, c’est une enquête sur les dépenses de communication du gouvernement Fillon qui a été ouverte…
Défendre la liberté
Parler d’une nouvelle gauche «libérale-libertaire» au gouvernement est inexact. En réalité, la liberté reste étrangère à l’autoritarisme du socialisme forcené. D’ailleurs, les militants ont pris soin à La Rochelle de rejeter l’étiquette «social-libérale» que suggérait la nomination d’un ancien banquier à l’Économie. Même la tentative d’incursion du bon sens, défendu par les réalistes, a été contrée au profit du retour aux idées fléchées. Macron a dû renoncer à l’aménagement des 35 heures qu’il venait de proposer. François Rebsamen, le ministre du Travail, n’ose plus sortir depuis qu’il a suggéré l’élémentaire contrôle des aides aux chômeurs. C’est timidement que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, vient pour sa part de découvrir que «la France ne peut accueillir tout le monde», alors que l’immigration bouleverse les équilibres depuis des lustres. Les idéologues liberticides et leurs gardes-chiourmes, ces morts-vivants, ont repris les choses en mains. Ils sont à combattre.
Il ne peut être question, par exemple, de laisser démolir davantage l’Éducation nationale. Un enseignant, François-Xavier Bellamy, questionne à ce propos (1): «Que restera-t-il de l’homme quand toute la culture aura été déconstruite? Il restera la barbarie.» Il ne sert à rien de menacer de sanctions les maires hostiles à l’inutile réforme sur les rythmes scolaires. 60 % des sondés désapprouvent d’ailleurs cette politique qui ne répond pas aux vrais enjeux de la transmission des savoirs. Ce n’est pas davantage le «grand plan numérique pour l’école», tarte à la crème resservie mardi par Hollande, qui sauvera l’Éducation de son naufrage. Il reste à mener une refonte totale de l’enseignement et de ses contenus. Quitte à abandonner l’école publique si celle-ci persiste à s’autodétruire. Soixante et une écoles libres ont ouvert cette année, contre trente-sept l’an dernier (2). La société civile, qui a déjà prouvé sa capacité d’initiative, est prête à d’autres privatisations.
C’est contre l’abus de pouvoir de ce conformisme que l’opposition doit batailler en priorité, elle qui a souvent succombé au politiquement correct quand elle était aux affaires. Tout est faux dans ce monde artificiel, défendu mordicus par des comités de salut public. Les fables de Michel Sapin s’ajoutent aux mensonges du chef de l’État sur la sortie de crise. «Le président n’aime pas les pauvres», dit même de lui son ex-maîtresse, Valérie Trierweiler, dans un livre vengeur. En privé, il les appelle «les sans-dents». Ce cynisme va avec le mépris du peuple.
Et pendant ce temps, Hollande fait la leçon à l’autocrate Vladimir Poutine, en suspendant mercredi la livraison à la Russie de deux navires de guerre. Le nouveau tsar n’est pas un démocrate. Mais que dire du président français, qui craint la voix des urnes?