Sur un îlot rocheux au milieu de grèves immenses soumises au va-et-vient de puissantes marées, à la limite entre la Normandie et la Bretagne, s’élèvent la « merveille de l’Occident », abbaye bénédictine de style gothique dédiée à l’archange saint Michel, et le village né à l’abri de ses murailles. La construction de l’abbaye, qui s’est poursuivie du XIe au XVIe siècle, en s’adaptant à un site naturel très difficile, a été un tour de force technique et artistique.
La longue histoire du Mont-Saint-Michel commence en 708, lorsque l’évêque Aubert fit élever sur le Mont Tombe un premier sanctuaire en l’honneur de l’Archange pour y installer une petite communauté de chanoines.
En 966, des bénédictins s’installèrent au Mont à la demande du duc de Normandie Richard Ier et furent à l’origine de l’essor du nouveau monastère. Très vite, l’abbaye devint un lieu de pèlerinage majeur de l’Occident chrétien mais aussi un des centres de la culture médiévale où furent produits et conservés un grand nombre de manuscrits. L’architecture de l’abbaye témoigne de la maîtrise et du savoir-faire des bâtisseurs du Moyen Âge qui réussirent à édifier, à 80 mètres de hauteur, l’église romane de 80 mètres de long, reposant sur quatre cryptes à flanc de rocher.
Le bâtiment de la Merveille est quant à lui souvent évoqué comme un des chefs-d’œuvre du gothique normand. Au XIIIe siècle deux corps de bâtiments de trois étages furent édifiés sur la pente nord du Mont abritant des salles dédiées à l’accueil des pèlerins ou à la vie monastique.
Ainsi, la foi, la culture, l’art et l’architecture constituent la forte identité du Mont-Saint-Michel. Mais c’est aussi un village qui a toujours évolué dans le sillage de l’abbaye depuis le Xesiècle. Au XIVe siècle, il s’étendait déjà jusqu’aux pieds du rocher. Les remparts qui l’entourent en font un exemple d’architecture militaire. Au cours de la guerre de Cent-Ans, ils résistèrent à tous les assauts anglais et firent du Mont un lieu symbolique de l’identité nationale.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le mont perd de son importance, tant sur le plan militaire que religieux, malgré les efforts des moines de la congrégation de Saint-Maur installés dans l’abbaye en 1622.
La Révolution chasse les derniers moines et le « Mont Libre » devient une prison pour les prêtres réfractaires. Cette reconversion lui fut en fait salvatrice puisqu’elle lui évita la démolition. En 1811, un décret impérial transforme l’abbaye en maison de force pour abriter essentiellement des prisonniers de droit commun et quelques détenus politiques. Fermée en 1863, la prison aura eu pour mérite de sauver l’abbaye de la destruction.
En 1874, l’abbaye est enfin classée monument historique. Conduites par les architectes des monuments historiques, les restaurations s’efforcent de rendre son prestige au monument. La Belle Epoque voit le développement du tourisme favorisé par la construction de la digue en 1878. Le Mont-Saint-Michel accueille environ 2,5 millions de visiteurs par an.