Ah, une bonne salade verte bien rafraîchissante… Tant qu’à faire, pourquoi ne pas la prendre en sachet, pour éviter de s’embêter à la trier, à la laver, à l’essorer ? Les « prêtes à l’emploi » constituent déjà 40 % des salades proposées en rayon. Mais le bonheur n’est pas forcément au fond du sachet. Passons le fait qu’on les paie trois fois plus cher que les non ensachées. Et que, pour les nappes phréatiques, ce n’est pas la panacée. Comptez en moyenne 20 litres de flotte pour laver un kilo de salade ! Une eau, qui plus est, additionnée de javel, et ce afin d’éviter que les immenses cuves de lavage se transforment en bouillon de culture, avec le risque, ensuite, d’empaqueter sous vide germes et bactéries pathogènes. Sauf que, les résidus de chlore, les chlorates, on les retrouve ensuite sur nos papilles.
C’est du moins ce qui ressort de l’enquête publiée ce mois-ci par l’association UFC-Que choisir. Sur les 28 salades en sachets analysées, 24 recèlent des traces de chlorates. Fâcheux quand on sait que ce rinçage chloré essore une partie des vitamines, notamment la C, et la B9, le fameux acide folique, essentiel à la formation des globules rouges, aux systèmes nerveux et immunitaire.
Ajoutez que ce lavage industriel déverse des cochonneries dans les eaux usées. Non seulement du chlore, mais aussi des sous-produits cancérigènes, les trihalométhanes. Ces joyeusetés apparaissent lors du contact de la javel avec les dépôts de terre sur les feuille de salade. Pour toutes ces raisons, les Pays-Bas, la Belgique, et la Grande-Bretagne ont cru bon d’interdire la lavage chloré des salades, mais pas nous, qui produisons pourtant chaque année 420 000 tonnes de batavia, laitue et autres scarole.
Le plus savoureux est que ce trempage industriel en bain chloré n’est quasiment d’aucune utilité pour débarrasser les feuilles des résidus de pesticides. Dans le teste de Que choisir, une seule salade, celle estampillée bio, n’affiche aucune trace de pesticides. Pour mémoire, en 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments avait passé au crible 1 194 salades et relevé des résidus de pesticides dans 58 % d’entre elles, certaines culminant jusqu’à 13 produits différents.
Dommage que les Américains n’arrivent toujours pas, dans les négociations du Tafta, à nous imposer leur poulet au chlore, on aurait pu l’accompagner avec notre salade javellisée prête à l’emploi. Miam !