Dans une tribune au « Monde », Frédéric Létoffé et Gilles de Laâge, coprésidents du Groupement des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH), dressent un panorama alarmant de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur.
Etablissements de formation désertés, entreprises en quête de salariés, savoir-faire en voie de disparition… Tel est l’état actuel du recrutement des entreprises spécialisées dans la restauration des monuments historiques. Un constat saisissant et sinistre qui laisse pantois. Alors que notre patrimoine connaît un engouement sans précédent auprès des Français, comment ces techniques traditionnelles, reconnues et admirées, peuvent-elles connaître un destin aussi funeste ?
Une fois les derniers détenteurs des savoir-faire à la retraite, resterons-nous orphelins de notre propre patrimoine ?Depuis une quarantaine d’années, nous creusons notre propre tombe. L’apprentissage est considéré comme la voie de l’échec et reste profondément dévalorisé. Le patrimoine subit la même discrimination. Aujourd’hui considérés comme des « technicités non courantes », ces savoir-faire traditionnels deviennent marginaux au milieu d’un secteur de plus en plus industrialisé où règne la préfabrication et l’assemblage…
On ne trouve plus de ferronniers, de couvreurs, ni de plâtriers. Ces métiers, alliant haute technicité opérationnelle et connaissance théorique fondamentale, souffrent et parfois même disparaissent, faute de successeur. La transmission intergénérationnelle n’est plus assurée. Une fois les derniers détenteurs des savoir-faire à la retraite, resterons-nous orphelins de notre propre patrimoine ? Et quelle identité laisserons-nous aux jeunes générations ?(…)