La forteresse de Louisbourg, surnommée au XVIIIe siècle la «Gibraltar de l’Amérique du Nord» était la plus importante place forte française de la région. Cette forteresse se trouvait sur l’Île-Royale, appelée aujourd’hui Île du Cap-Breton (Cape Breton en anglais), en Nouvelle-Écosse.
Louisbourg fut construite selon les principes de Sébastien Le Prestre de Vauban (mort en 1707), grand ingénieur militaire du XVIIe siècle. Toutefois, la construction de la forteresse ne commence qu’en 1719, tandis que des caractéristiques de l’artillerie ont déjà changé. Par exemple, la portée du tir des canons a augmenté.
La construction de Louisbourg, commencée en 1719, s’achève vers 1743. Les coûts sont tellement élevés que Louis XV se plaint: «Est-ce que les rues y sont pavées d’or? Va-t-on voir bientôt poindre ses tours à l’horizon de Paris ?» Le roi comprenait pourtant très bien l’importance de la forteresse. Vers 1725, la nouvelle ville était déjà devenue un des principaux ports de pêche de la région. C’était aussi une base de ravitaillement, de réparation et de repos pour les corsaires français qui attaquaient les navires marchands anglais dans l’Atlantique Nord, et un centre d’entraînement de la flotte française y fut créée.
Mais Louisbourg était surtout une porte d’entrée dans le Saint-Laurent qui permettait d’accéder à l’ensemble de la Nouvelle-France. Les autres voies permettant de poursuivre vers les Grands Lacs, vers la Baie d’Hudson et à l’intérieur des terres étaient beaucoup plus longues et dangereuses.
Pourtant en 1745, deux ans après la fin des travaux, la forteresse fut prise par les Anglais suite à un siège de 46 jours. Ils avaient installé leur artillerie sur les collines qui entourent la forteresse et ont réussi à dominer assez facilement toute résistance.
En 1748, conformément au Traité d’Aix-La-Chapelle, Louisbourg a été restituée à la France. Mais au cours des 10 années suivantes, rien n’a été fait pour neutraliser la menace que représentaient les monts autour de la ville: aucun poste, aucune redoute n’y a été construit, aucune installation pour empêcher la montée des canons.
Pire encore, on n’a pas modifié les emplacements des batteries côtières, ce qui a surpris grandement les Britanniques en 1758, quand ils s’en prennent une nouvelle fois à Louisbourg. Ils constatent avec étonnement que les canons français sont installés sur les mêmes positions qu’il y a 13 ans. Les artilleurs anglais peuvent donc facilement réduire à néant les canons ennemis en quelques jours.