“Ce jeudi 5 mai, à 8 heures, le dessinateur Siné est décédé à l’hôpital Bichat, à Paris, des suites d’une opération” peut-on lire dans un communiqué. Il était très malade malgré sa rémission d’un cancer il y a quelques années.
Il sera enterré au cimetière de Montmartre où le dessinateur a déjà installé sa tombe, un cactus qui rappelle un doigt d’honneur. Siné avait fait inscrire dessus “Mourir, plutôt crever” et prévoyait d’y inviter tous ses “potes” pour continuer d’y rire post-mortem.
Il avait travaillé 27 ans pour Charlie Hebdo avant d’en être licencié en 2008. Le fondateur, ensuite, de Siné Hebdo, puis Siné Mensuel signait encore des dessins et des billets dans les numéros du journal comme en janvier dernier, à l’occasion des hommages aux caricaturistes de Charlie Hebdo morts dans l’attaque des frères Kouachi.
Son dernier édito
Ça m’énerve grave
Depuis quelque temps, vous avez dû remarquer que je ne nageais pas dans une joie de vivre dionysiaque ni dans un optimisme à tous crins, ce qui est pourtant mon penchant habituel. Je ne pense, depuis quelque temps, qu’à ma disparition prochaine, sinon imminente, et sens la mort qui rôde et fouine sans arrêt autour de moi comme un cochon truffier. Mon moral, d’habitude d’acier, ressemble le plus souvent maintenant à du mou de veau ! C’est horriblement chiant de ne penser obsessionnellement qu’à sa mort qui approche, à ses futures obsèques et au chagrin de ses proches ! Je pense aussi à tous les enculés qui vont se frotter les mains et ça m’énerve grave de crever avant eux ! Heureusement que vous êtes là, admirateurs inconditionnels, adulateurs forcenés… vous ne pouvez pas savoir comme vos messages me font du bien, un vrai baume miraculeux ! Quand je lis vos mots d’encouragement, c’est comme si j’éclusais un délicieux verre de vin nature, à la température idéale, dans un hamac, au soleil, avec un chat sur les genoux : le bonheur parfait ! Je sais que vous n’êtes pas des lèche-culs, vos compliments tombent pile-poil là où ça fait du bien et où j’en ai besoin ! Merci, merci… c’est bon de se sentir aimé surtout dans ces moments merdiques et désespérants, difficiles à supporter. Voilà, je n’ai rien d’autre à vous dire cette semaine, mais je suis bien content de vous l’avoir dit ! Et banzaï malgré tout ! PS : Puisqu’une fois évacuée, la flotte continue d’envahir mon poumon, après maints revirements et changements de cap, l’opération est finalement programmée pour aujourd’hui, mercredi.
Alea jacta est, comme dirait ce connard de César ! Je n’en mène pas trop large, je vous l’avoue et je serre les fesses comme un pressoir à olives pour évacuer le stress !