Ils ont marché pendant des heures dans la jungle, viennent des Hauts-Plateaux du sud de l’île de Palawan, aux Philippines. Ils ont quitté leurs maisons sur pilotis et leurs champs, pour fuir les typhons et les pluies diluviennes que déchaîne la mousson. Comme chaque année, au mois d’août, ils migrent vers les montagnes, viennent chercher un abri près des falaises, percées de grottes, d’auvents rocheux.
Nous arrivons ensemble dans la grotte de Signapan. Que savons-nous d’eux ? Qu’ils s’installent ici pour 5 mois, le temps de la mousson; que ces lieux leur sont familiers : les cavernes sont fréquentées par les mêmes familles depuis des générations; qu’ils ne sont plus que quelques milliers de Tau’t Batu, qui veut dire « peuple des rochers », à occuper ce territoire sévèrement protégé par l’administration de Manille, à des heures de marche du premier hameau, au bout de la jungle, à la frontière du monde.