Il y a quelques jours, Libération et le Journal du Dimanche dénonçaient coup sur coup le «sexisme» dans les lycées militaires, puis le «racisme» parmi les officiers français. Beaucoup, parmi ces derniers, se sont sentis injustement insultés par la généralisation des propos. Soumis au devoir de réserve qui impose l’anonymat, ils ont néanmoins souhaité réagir. Voici leurs mots.
La semaine passée étaient publiés coup sur coup deux articles à charge sur l’armée française, et plus particulièrement sur ses officiers et futurs officiers. Outre le timing malheureux de leurs parutions, alors que la France redécouvrait avec émoi les sacrifices que peuvent consentir ces mêmes officiers, ces articles témoignent d’un important décalage d’opinion entre certains médias et la population française concernant la Grande Muette. Les opérations Sentinelle, Barkhane (au Sahel) et Chammal (au Levant) sont autant de missions confiées aux armées qui leur permettent aujourd’hui de bénéficier de 88% d’opinion favorable au sein de la population française. Et ce malgré le traitement médiatique qu’elles subissent parfois.
Dans un dossier au titre outrageusement racoleur (“Les filles sont le diable”), le journal Libération enquêtait sur les outrages sexistes subis par certaines jeunes filles dans le lycée militaire de Saint-Cyr. Ce dossier, truffé de raccourcis et d’approximations, ne se formalise pas de ses propres contradictions, n’hésitant pas à parler de “minorité”, tout en dénonçant un sexisme “érigé en système”… Ou à préciser que les élèves de corniche ne sont pas militaires tout en représentant trois généraux en illustration de l’article ! Libération, pourtant d’ordinaire si prompt à se dresser contre les amalgames, ne recule pas devant ceux qui permettent de placer dans le même panier sexisme, intégrisme catholique, accusations de favoritisme et vote à l’extrême-droite, mais également étudiants et officiers supérieurs, prépas et grandes écoles militaires. Pour la déontologie, on repassera.
Si peu de minorités accèdent au sommet de la hiérarchie militaire, c’est que peu de leurs représentants aspirent à servir la France en tant qu’officiers
Libération ayant fait la part belle aux accusations de sexisme (entre autres), le Journal du Dimanche tente quant à lui, avec aussi peu de rigueur intellectuelle, de porter aux armées une nouvelle estocade en les accusant de racisme. Les « galons blancs » évoqués dans le titre de l’article, ce sont la majorité des officiers généraux qui ont l’audace d’être caucasiens. Les faits sont là et il ne s’agit pas de remettre ce constat en cause.
En revanche, le journaliste entend démontrer que les officiers issus des minorités seraient progressivement écartés pour ne laisser au sommet de la hiérarchie que les officiers blancs, par le fait d’un “entre-soi” frisant le sectarisme. Il y a fort à parier que ce journaliste n’a pas jugé utile d’aller comparer la proportion d’officiers issus des minorités à Saint-Cyr et parmi les généraux. S’il l’avait fait, il en aurait conclu que, si peu de minorités accèdent au sommet de la hiérarchie militaire, c’est tout simplement parce que peu de leurs représentants aspirent à servir la France en tant qu’officiers. Mais il est certainement plus vendeur d’accuser l’armée de racisme que de dénoncer les failles de notre système d’intégration…
Plus vendeur encore, et le JDD n’hésite pas : considérer que la pratique religieuse des officiers serait à l’origine de ces prétendues discriminations. Cachez cette soutane que nous ne saurions voir !
Sexisme, racisme, christianisme : l’armée marquée du triple sceau de l’infamie des nouveaux inquisiteurs
De nombreux officiers sont catholiques, c’est un autre fait. Parce que l’armée et les enseignements chrétiens tiennent en haute valeur la notion de service, ni plus ni moins. Il n’en faut pas plus pour entendre le JDD hurler au sectarisme. On l’entend beaucoup moins se scandaliser lorsque des soldats sont forcés de consommer des rations de combat halal durant des mois de mission pour satisfaire aux exigences culinaires d’une… minorité.
Sexisme, racisme, christianisme. L’armée est donc marquée du triple sceau de l’infamie des nouveaux inquisiteurs. Ces nouvelles charges contre nos soldats ne sont que les exemples les plus récents d’une presse bien historiquement partiale lorsqu’il s’agit d’évoquer les affaires militaires. Une presse qui fait ses gros titres des accusations de viol en Centrafrique, mais n’évoque que très peu les non-lieux dont ont bénéficié les militaires. Une presse qui ne manque jamais d’évoquer le statut d’ancien militaire de Nordahl Lelandais mais qui se garde bien de préciser que Martin Fourcade est sous-lieutenant, et que 20% des athlètes français lors des derniers JO d’hiver étaient militaires. Les exemples sont nombreux.
S’acharner à faire passer des actes condamnables pour un système, présenter des faits comme le résultat d’une stratégie discriminante, tout en taisant systématiquement ce que l’armée compte de dévouement, d’abnégation et de service, c’est viser l’armée, et non les comportements délictueux. Personne n’est dupe. Alors à ces médias qui n’évoquent l’armée que pour la dénigrer, nous soumettons cette liste non-exhaustive de ceux pour lesquels aucun « merci » n’a jamais fait la Une :
– Premier maître Loïc Le Page (lycée militaire d’Autun), tué en Afghanistan le 4 mars 2006
– Chef d’escadron Patrice Sonzogni (Corps des officiers des armes), tué en Afghanistan le 11 février 2009
– Capitaine Fabrice Roullier (Officier de réserve en situation d’active, tué en Afghanistan le 12 janvier 2010
– Chef de Bataillon Christophe Barek-Deligny (Officier sous contrat), tué en Afghanistan le 22 mai 2010
– Capitaine Lorenzo Mezzasalma (Officier rang), tué en Afghanistan le 23 août 2010
– Chef de Bataillon Benoît Dupin (Ecole militaire interarmes), tué en Afghanistan le 17 décembre 2010
– Capitaine Matthieu Gaudin (Officier d’active des écoles d’armes), tué en Afghanistan le 10 juin 2011
– Capitaine Thomas Gauvin (Prytanée National Militaire – ESM Saint-Cyr), tué en Afghanistan le 13 juillet 2011
– Capitaine Camille Levrel (Officier d’active des écoles d’armes), tué en Afghanistan le 14 août 2011
– Capitaine Valery Tholy (Officier d’active des écoles d’armes), tué en Afghanistan le 7 septembre 2011
– Chef d’escadron Christophe Schnetterle (Officier d’active des écoles d’armes), tué en Afghanistan le 23 mars 2012
– Chef de bataillon Damien Boiteux, tué au Mali le 11 janvier 2013
– Lieutenant-colonel Arnaud Beltrame (Lycée militaire de Saint-Cyr – Ecole militaire interarmes), tué à Trèbes le 24 mars 2018
Et d’autres…