La Môme Moineau, ce drôle d’oiseau (Vidéo)

L’histoire de la chanson a retenu, outre les titres de la Môme Moineau (« L’Accordéon », « J’suis la Môme Moineau », « Sans un », « La Java de minuit », etc.), le fait qu’Edith Piaf a pris ce surnom de piaf parce que moineauétait déjà utilisé. Par Lucienne Suzanne Dhotelle.

Elle est née le 15 janvier 1908 à Reims, des œuvres d’un marchand ambulant, natif de Saint-Quentin, et de son épouse, Henriette Vreurick Mottais. La légende de Piaf raconte qu’elle est née dans la rue. Celle de la Môme Moineau la fait naître dans une roulotte. Dans les deux cas, on est dans l’affabulation.

Dès qu’elle le peut, Lucienne, qui n’a froid ni aux yeux ni ailleurs, « monte » à Paris. Dans les boîtes de nuit de Montmartre et de Montparnasse, elle vend des roses que les rupins offrent à leurs gigolettes du moment.

Mais elle chante aussi dans la rue. Devant le Fouquet’s par exemple. Elle a une belle goualante et le châssis qui va avec. On s’intéresse à elle. En 1925, le grand couturier Paul Poiret la prend sous son aile et lui ouvre les portes des music-halls. Le conte de fée va se dérouler : le Casino de Paris et le Lido où elle passe en vedette et, très vite, une tournée internationale. A Broadway, à New York, elle fait la conquête du milliardaire portoricain Felix Benitez Rexach. « Ma fortune est à vos pieds », lui dit-il. Elle trouve ça très gentil. Il l’épouse en 1929. Elle abandonne alors sans regret – et les amateurs de goualante non plus : elle n’avait pas le talent de Piaf – la chanson.

A partir de là, elle mène avec son mari une vie de nabab. Elle ne quitte son yacht (où elle pose avec des casquettes d’amiral) que pour monter dans son DC3 privé (où elle pose avec des casquettes de pilote de ligne). De la République dominicaine (où les relations très proches du couple avec le très autoritaire Rafael Trujillo seront fustigées par les donneurs de leçons), elle saute à Porto Rico avant de revenir en France où elle a deux luxueuses villas : « Carmen » à Maisons-Laffitte (où l’on cultive toujours son souvenir) et « Bagatelle » à Cannes.

En 1947, les bijoux de la Môme Moineau – il y en a pour plusieurs millions – sont mystérieusement dérobés dans l’hôtel de la Vieille Fontaine de Maisons-Laffitte où elle séjournait. Dans sa biographie, La Môme Moineau : la vie fabuleuse et tragique de la femme la plus riche du monde (Ed. Normant, 2006), Michel Ferracci-Porri révèle que le « coupable » n’était autre que la « victime » qui avait organisé un faux cambriolage pour toucher l’assurance. Un classique du genre… Ce fait divers, qui défraya la chronique des années cinquante, avait également inspiré un roman à Roger Borniche, L’Affaire de la Môme Moineau (Grasset, 1986).

Lucienne Dhotelle est morte le 18 janvier 1968 à Paris. Elle repose auprès de son mari dans le vieux cimetière San Juan de Porto Rico. Difficile de manquer leur tombe : un temple grec en marbre noir…

Alain Sanders – Présnt

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