Le roi de la récidive… C’est bien le surnom que mérite Emmanuel Macron qui prétend briguer les plus hautes fonctions mais qui multiplie bévues, mensonges, contradictions et contre-vérités au fil de ses différents discours. Fervent défenseur de la mission civilisatrice de la France coloniale voici quelques mois, il s’est transformé en un accusateur haineux de la présence française en Algérie, allant jusqu’à accuser notre pays de crime contre l’humanité, à peine avait-il posé ses babouches sur le sol de notre ancienne province. Auteur, au printemps dernier, à Orléans, d’un discours « patriotique » sur la France éternelle lors des fêtes en hommage à Jeanne d’Arc et visiteur attentif et émerveillé du Puy-du-Fou quelques mois plus tard – histoire de se faire photographier au côté du Vicomte –, il déclarait le 4 février à Lyon que la « culture française » n’existait pas. Une semaine plus tard, il remettait le couvert à Londres, capitale de la fortune anonyme et vagabonde, en affirmant, péremptoire : « L’art français, je ne l’ai jamais vu. » Comme s’il effaçait en un instant tout ce que peuvent représenter pêle-mêle Poussin, Watteau, Fragonard, Delacroix, mais aussi les Très Riches Heures du Duc de Berry, les Savonneries d’Aubusson, la porcelaine de Sèvres, Emile Gallé, l’esthétique classique ou l’héritage du style Napoléon III. Sans oublier ces dynasties d’ébénistes, de graveurs, de souffleurs de verre ou de maîtres cristalliers qui ont fait la renommée d’un art à la française.
Le faux-semblant érigé en système
Son Pygmalion d’épouse a dû être saisie d’effroi et de honte. Quoi, il avait oublié, le cher ange, après tant d’années de vie commune, les vers de Du Bellay : « France mère des arts, des armes et des lois, tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle », leur préférant l’éloge de la mondialisation culturelle qui est finalement sa marque de fabrique ? A moins qu’il n’ait tout simplement jamais bien su ce que nous devons à nos maîtres grecs et latins et dont nous avons fait notre miel, au fil des siècles, en l’agrégeant à nos mémoires de terroir. Il est sûr, en tout cas, qu’il a sciemment décidé, après quelques risettes à la Pucelle, de nier l’identité propre de l’art et de la culture français pour obéir à ses maîtres de la finance internationale et accélérer ainsi le processus de mondialisation et d’unification culturelle qu’il appelle de ses vœux. Pinault, Arnault, Jeff Koons ou Pierre Bergé, son dernier mentor qui occupe une place de choix dans le monde de l’expertise des objets d’art, peuvent être satisfaits. Tout est en marche pour aggraver le déracinement culturel de notre pays et imposer davantage encore un métissage patrimonial.
Le soutien appuyé d’Aillagon
Le 27 janvier dernier, Macron jouait au premier de la classe sur France-Culture. Invité de Guillaume Erner, également chroniqueur régulier de Charlie Hebdo, il annonçait la couleur et dévoilait son programme culturel, véritable amoncellement de mesures ramenardes et démagogiques. Il profitait de ce temps d’antenne pour affirmer officiellement son gauchisme culturel. Un gauchisme culturel confirmé à Lyon, reconfirmé à Londres et encensé par Jean-Jacques Aillagon. Le 13 février dernier, dans un entretien au Figaro Vox, l’ancien président du Domaine de Versailles entonnait le péan. Quoi de plus naturel pour celui qui a introduit le loup de l’art contemporain dans la bergerie de Marie-Antoinette ? Quoi de plus naturel pour celui qui est l’âme damnée de François Pinault et pilote, après Venise et son rôle déterminant dans l’aménagement du Palazzo Grassi, son projet d’installation d’une partie de sa collection à la Bourse du commerce à Paris ? Quoi de plus naturel enfin pour celui qui revendique haut et fort son appartenance au Modem de François Bayrou en ces termes : « Je ne suis pas extrême. Le Modem me va bien » ?
Avec sa défense et illustration de Macron, l’ancien ministre de la Culture de Chirac balaie d’un trait de plume tout ce qui est le propre de l’art français et affirme qu’« une grande partie de la grande aventure de l’art français du XXe siècle a été accomplie par des étrangers ». Certes, Picasso ou Dali n’étaient pas français. Mais Aillagon a la malhonnêteté intellectuelle de ne pas préciser que les peintres français du XIXe siècle ont suscité par leurs audaces picturales, la venue de quantité de peintres venus du monde entier pour plonger dans cette création artistique. En clair, pas de Picasso, de Dali ou de Brancusi sans la révolution impressionniste ou les coups de génie d’un Rodin ou d’un Toulouse-Lautrec.
Pompidou, Chirac, Macron même combat
Non content de nous servir le brouet cuit et recuit du métissage culturel qui ferait la richesse de notre pays, Aillagon appelle à la rescousse Pompidou et Chirac, soulignant la grande culture du premier ainsi que ses liens avec la Banque Rothschild – ce que l’on ne saurait oublier avec la désastreuse décision de 1973 relative à la perte de la souveraineté monétaire de notre pays – et la volonté du second, avant la fondation du musée qui porte maintenant son nom, d’avoir fait adopter par l’UNESCO en 2005, une convention sur la diversité culturelle relative à la nécessité de « promouvoir le respect de la diversité des expressions culturelles et la prise de conscience de sa valeur aux niveaux local, national et international ».
Deux parrainages qui ne peuvent que ravir le candidat des élites mondialisées qui veulent rassembler dans une même coalition la France des grandes métropoles et celle des banlieues islamisées. Il est infiniment dommage que Macron ait oublié de lire le sulfureux romancier américain Henry Miller qui écrivait dans Souvenirs : « Pour comprendre l’esprit de la France, il faut étudier son art : c’est là qu’elle se révèle complètement. » Cela lui aurait-il ouvert les yeux ? On peut toujours rêver…
Francoise Monestier – Présent