On aura beau mettre tous les flics et les militaires qu’on veut devant les écoles et les édifices publics, cela ne changera fondamentalement pas grand-chose. La preuve par Nice. C’est toujours le problème dans ces grands moments de psychose collective : comment démêler le faux du vrai ? En 1998, la France Black-Blanc-Beur était solution à tout et un Jean-Marie Le Pen n’avait plus de raison d’être. Dans l’entre-deux-tours d’avril 2002, cette même France était au bord du gouffre, tagada, tagada et tagada…
Aujourd’hui, autre psychose, façon terreur islamiste, depuis les attentats anti-charliesques ; même si, dans la foulée, a été un peu oubliée la mort de trois flics et d’un agent de maintenance. Sans même évoquer nos compatriotes de confession juive pris pour cibles et otages alors qu’ils allaient seulement faire leurs courses.
La France, donc, est en état de siège depuis près d’un mois. Ce qui n’a aucun sens : on aura beau mettre tous les flics et les militaires qu’on veut devant les écoles et les édifices publics, cela ne changera fondamentalement pas grand-chose. La preuve par Nice.
Là, un autre « Coulibaly », équivalent africain d’un « Martin » en France, a donc blessé trois soldats avec son couteau, à Nice, alors que ces derniers étaient en faction devant la filiale locale du Consistoire juif de France. Pour reprendre les propres mots de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, il s’agirait d’un « terrorisme en libre accès ». Assez bien vu.
Des Pieds nickelés livrés à eux-mêmes, agissant contre les consignes pour le moins vagues de Daech, opposés à des Branquignols, à leur corps défendant, puisque privés de moyens. Bernard Cazeneuve et son collègue de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sont effectivement convenus de concert que l’actuel dispositif « antiterroriste » n’était plus tenable en termes de moyens, qu’ils soient financiers ou humains. D’ailleurs, mettre un flic derrière chaque citoyen n’est pas forcément un projet de société digne de ce nom.
Ainsi, le profil de Moussa Coulibaly, le « tueur de Nice ». Un casier judiciaire long comme le bras, repéré par nos services qui l’ont fait refouler de Turquie alors qu’il s’apprêtait à aller faire le gugusse en Syrie. Repéré, oui, mais relâché, faute de preuves probantes. Eh oui, c’est un fait : on ne saurait condamner quiconque pour un crime pas encore commis.
Dans un semblable registre, car si tous nos « terroristes » réels ou présumés n’ont pas la lumière à tous les étages, il n’y a pas non plus que des prix Nobel dans le camp de l’ordre et de la loi. D’où l’étrange liaison d’un complice d’Amedy Coulibaly avec une… gendarmette. Laquelle, passablement enamourée et fraîchement convertie à l’islam, courait donc le guilledou avec le compère en question. À l’heure où ces lignes sont écrites, aucune charge n’a été retenue contre cette jeune femme prénommée Emmanuelle.
Cela pose une double question. La première consistant à s’interroger sur l’efficacité de nos services secrets, généralement fort bons, mais condamnés à bricoler dans la débrouille, faute de moyens. La seconde sur ce péril « terroriste » méritant « union nationale », alors que, à ce jour, les sports d’hiver ont causé plus de morts que ces tragiques faits divers occupant la une des gazettes depuis le début de cette année 2015.