Des éditeurs de publications indépendantes ont menacé le 29 décembre d’engager des procédures contre Presstalis, le principal distributeur de la presse écrite en France, qui a gelé une partie de ses paiements pour combler un besoin de trésorerie, mesure qui les met en difficulté par ricochet. Presstalis a en effet annoncé en décembre à ses clients éditeurs de journaux, magazines et autres publications, qu’il allait devoir retenir 25% des règlements qu’il aurait dû leur verser jusqu’à fin janvier, en raison d’un besoin de trésorerie de 37 millions d’euros. Presstalis (ex-NMPP), premier distributeur de la presse au numéro en France, achemine 4 000 titres jusqu’à 25 000 points de vente sur tout le territoire. Sauvé in extremis de la faillite fin 2012 par ses actionnaires éditeurs et l’Etat, moyennant plusieurs dizaines de millions d’euros d’argent public, et malgré une énième restructuration engagée en 2013, le groupe reste confronté à des difficultés structurelles du fait de la baisse continuelle des ventes de la presse papier.
Sa nouvelle PDG, Michèle Benbunan, doit présenter début 2018 une stratégie pour adapter l’entreprise aux “enjeux et évolutions majeurs de la distribution de la presse en France”. Mais le Syndicat de l’association des éditeurs de presse (SAEP), qui regroupe des magazines et autres publications essentiellement spécialisées, juge que la retenue opérée par le groupe fragilise ses propres membres et a tiré la sonnette d’alarme dans un courrier adressé à la Coopérative de distribution des magazines (CDM), organisme qui détient 75% du capital de Presstalis. Jugeant la situation d'”une gravité sans précédent”, le SAEP réclame dans son texte rendu public “le retrait immédiat de la décision de Presstalis de geler 25% des règlements éditeurs jusqu’au 31 janvier 2018 et le versement sans délai des sommes prélevées aux éditeurs”, ainsi que la tenue d’une assemblée générale de la CDM. Faute de quoi, le SAEP souligne que les éditeurs indépendants “seront contraints de conclure à la cessation de paiement effectif de Presstalis, et d’engager les procédures nécessaires”. Presstalis a par ailleurs obtenu récemment la nomination d’une mandataire ad hoc, Hélène Bourbouloux, spécialiste du sauvetage des entreprises en difficulté, pour l’épauler. En outre, Bercy et le ministère de la Culture ont confié en septembre une mission sur la distribution de la presse à l’ancien président de l’Autorité des marchés financiers, Gérard Rameix, qui avait déjà étudié la question en 2012. (avec l’AFP)