Pour dénoncer «le fléau des violences faites aux femmes», le metteur en scène du célèbre opéra de Georges Bizet, Carmen, au théâtre de Florence en a changé la fin. Carmen ne meurt plus sous les coups de poignard de Don José.
La lutte contre la violence faite au femmes s’invite désormais jusque dans les créations artistiques des siècles passés. Le metteur en scène Leo Muscato présente dès le 7 janvier, au Teatro Maggio à Florence, une version édulcorée de Carmen, le célèbre opéra de Georges Bizet, dans laquelle cette dernière ne meurt pas, contrairement au texte original. Il justifie sa décision par l’idée de ne pas faire «applaudir le meurtre d’une femme».
«L’idée m’a été suggérée par le directeur du théâtre qui voulait que je trouve un moyen de ne pas faire mourir Carmen. Il estime qu’à notre époque, marquée par le fléau des violences faites aux femmes, il est inconcevable qu’on applaudisse le meurtre de l’une d’elles», explique ainsi Leo Muscato dans des propos rapportés par l’AFP le 4 janvier.
Le metteur en scène reconnaît avoir été dans un premier temps «déconcerté» par un tel révisionnisme artistique, étant donné que le destin de Carmen, bohémienne séductrice et rebelle poignardée par le brigadier Don José, constitue le «moteur» du chef-d’œuvre de Georges Bizet. Mais après un mois de réflexion, il s’est finalement plié au desiderata de son directeur, soulignant être revenu avec une «solution» dans laquelle Carmen ne mourrait pas mais se défendait contre son agresseur «d’une façon inattendue, comme n’importe qui le ferait à sa place».
Sans dévoiler le ressort dramatique qu’il utilise, Leo Muscato laisse entendre que le crime est la seule issue possible pour une femme sur le point d’être tuée. Et il assure avoir respecté scrupuleusement la musique et le livret originaux. «Don José se rend compte que le fait d’avoir poussé Carmen à un geste aussi extrême revient à l’avoir tuée et ses dernières paroles “Vous pouvez m’arrêter. C’est moi qui l’ai tuée” prennent alors une dimension symbolique», fait-il ainsi valoir pour justifier sa réinterprétation de l’œuvre.
Une démarche qui a trouvé un soutien en la personne d’Olivier Py, directeur du festival d’Avignon, qui a estimé sur les ondes de France Culture le 5 janvier, que la manière de traiter les personnages féminins dans certains opéras n’était «plus acceptable».