Jusqu’au 7 janvier 2018, Le Massacre des Innocents, chef-d’œuvre de Nicolas Poussin, sera la pièce maîtresse d’une exposition-événement au Domaine de Chantilly. De sa genèse à sa postérité, l’œuvre se révèlera à travers des prêts prestigieux et côtoiera de grands noms de l’art moderne et contemporain dont Pablo Picasso, Francis Bacon ou Annette Messager. Une première pour Chantilly !
Intemporalité et actualité d’un chef-d’œuvre
Le musée Condé du Domaine de Chantilly possède, après le Louvre, le plus bel ensemble de tableaux et de dessins de Nicolas Poussin (1594-1665) conservé en France. Au sein de cette collection exceptionnelle, Le Massacre des Innocents (vers 1627-1628) se démarque tant par ses illustres propriétaires (Vincenzo Giustiniani, Lucien Bonaparte, le duc d’Aumale…) que par le traitement radicalement nouveau du sujet tiré du Nouveau Testament. L’exécution, ordonnée par le roi Hérode, de tous les enfants de moins de deux ans de la région de Bethléem, est en effet un sujet très courant dans l’art du XVIIe siècle. Auprès de ses contemporains, l’œuvre fait déjà sensation.
L’opposition entre la violence et la brutalité anonyme du bourreau ainsi que le désespoir et l’épouvante de la mère dont le cri est inoubliable, la tension brûlante, bouleversante du récit, ont de tout temps retenu l’attention par leur actualité ce qui explique la fortune du tableau qui a été copié par bien des artistes – citons Fragonard – et a inspiré les plus grands (Pablo Picasso, Francis Bacon, Henri Cueco, Ernest Pignon-Ernest).
L’art moderne et contemporain pour la première fois au Domaine de Chantilly
Cette exposition, qui se tiendra dans la salle du Jeu de Paume du Domaine de Chantilly, se concentrera sur le chef-d’œuvre de Nicolas Poussin. À travers une cinquantaine d’œuvres, elle mettra en lumière sa postérité en accordant une large place à l’art moderne et contemporain.
Le visiteur découvrira tout d’abord l’histoire du tableau et de ses propriétaires, de son commanditaire italien, le marquis Vincenzo Giustiniani (1564-1637) au duc d’Aumale (1822-1897), de Rome à Chantilly en passant par Londres. Puis le chef-d’œuvre, en majesté, sera confronté à des grands maîtres du XVIIe siècle (Guido Reni, Pietro Testa), à une version antérieure du tableau provenant du Petit Palais et à un dessin préparatoire.
Le parcours se poursuivra par différentes interprétations allant du XVIIIe au début du XIXe siècle (Jean-Baptiste-Marie-Pierre, Léon Cogniet). Les dernières salles montreront les relectures modernes et contemporaines du Massacre des Innocents. Le Charnier (1945) de Pablo Picasso, côtoiera Head II (1949) de Francis Bacon. Des œuvres d’artistes contemporains ayant joué le jeu de l’appropriation (Henri Cueco, Jean-Michel Alberola…) seront présentées à touche-touche, évoquant l’accrochage XIXe du musée Condé. Enfin, des propositions inédites d’Annette Messager, Pierre Buraglio ou Jérôme Zonderdémontreront toute la force et l’actualité du chef-d’œuvre de Chantilly.