De Vouet à Watteau – Un siècle de dessin français

Le château de Sceaux reçoit en exposition temporaire un large extrait de dessins du musée des beaux-arts de Besançon. Des dessins du XVIIe, contemporains de Colbert, le maître des lieux, et un peu au-delà : jusqu’à Watteau, mort en 1721.

Le mieux représenté est Simon Vouet. Parisien né en 1590, mort en 1649, il a voyagé à Constantinople et, surtout, travaillé à Venise, Rome et Gênes (1612-1627). D’Italie il rapporte une large palette d’influences diverses qui vont façonner le baroque français. Deux sortes de dessins : des études de composition, des études de détail très poussées, avec rehauts et qui n’attendent plus que d’être reportées sur la toile si le peintre les estime convenir à son projet. Ainsi en va-t-il du Zéphyr qui prépare une figure apparaissant dans une allégorie : celle de « la Paix entre la France et l’Angleterre ». Dans la composition finale, le Zéphyr est en bas du tableau, il porte le nuage sur lequel sont assis les deux pays ; à sa main, un bouquet de fleurs.

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Vouet a eu beaucoup d’élèves, on en retrouve certains ici : Charles Le Brun, Eustache Le Sueur, Nicolas Chaperon, Claude Mellan… Le Brun est souvent trop sage, mais telle figure féminine a de la grâce, tel aigle de la force (dessin pour une sculpture destinée à une fontaine de Versailles). Chaperon et Le Sueur sont contemporains et eurent le même destin rapide : le premier est né en 1612, le second en 1616 – tous deux morts en 1655. Et tous deux connaîtront l’influence de Poussin, bien visible dans des dessins préparatoires de Chaperon pour des tableaux composés avec une rigueur toute « poussinienne » : Bacchus et Midas à la source du Pactole, La nourriture de Jupiter. L’influence de Poussin sur Le Sueur fut indirecte, tandis que Chaperon fut à Rome auprès du maître en 1642. Poussin est représenté par deux dessins : c’est trop peu pour un tel dessinateur, idem pour Le Lorrain, La Hyre (on se souvient de la belle exposition au Louvre en 2009), Watteau qui clôt alphabétiquement le parcours.

Mais le XVIIe siècle ne se limite pas à quelques artistes, on en rencontre bien d’autres. Le dessin anguleux de Claude Mellan, la manière large de Claude II Audran, la fine plume du paysagiste Dominique Barrière sont autant de preuves d’une vitalité et d’une diversité remarquables.

De Vouet à Watteau – Un siècle de dessin français. Jusqu’au 12 février 2017, Domaine départemental de Sceaux, Château.

Illustration : Simon Vouet (1590-1649), Étude pour la figure de Zéphyr, vers 1635-1639, pierre noire et rehauts de craie blanche, 240 x 366 mm, D. 2663.
© Besançon, Musée des beaux-arts et d’archéologie – Photo Pierre GUENAT

Samuel Martin – Présent

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