Lettre de la famille du douanier assassiné à François Hollande

 

“Monsieur le Président de la République,

Le 23 novembre dernier, mon frère, Pascal Robinson, un douanier exemplaire, est mort à 42 ans en service lors d’une intervention contre un trafiquant d’armes à Toulon.

Il a laissé une compagne, également douanière, un fils de 22 ans, ainsi qu’une famille ébranlée.

Nous vous remercions de nous avoir fait part de vos condoléances par le biais d’un tweet, même si la forme ne nous semble pas la plus opportune.

A l’occasion de ses obsèques qui se sont tenues vendredi à Marseille, sa région d’adoption, le gouvernement était représenté par votre secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert.

Lors de l’éloge funèbre à mon frère, notre famille a souhaité au delà de notre peine, attirer l’attention sur cette profession méconnue des Français et qui est de l’avis de nombreux observateurs, le parent pauvre de la sécurité française.

Le rôle essentiel de la douane dans la lutte contre le terrorisme et son financement, contre les trafics, notamment d’armes et de stupéfiants, contre la contrefaçon par exemple de médicaments ou de jouets, mériterait assurément un autre traitement. D’autant que les douaniers sont une famille de 16.600 agents aux valeurs et à la solidarité exemplaires, comme ils nous l’ont démontré tout au long de la semaine.

Vendredi midi, devant le cercueil de mon frère, votre secrétaire d’État m’assurait avoir “entendu le message”. L’après-midi même, le gouvernement déposait un amendement au sénat visant à diviser par deux les renforts douaniers que vous aviez promis devant le Congrès après les attentats dramatiques du 13 novembre dernier !

Nous avons dans tous nos discours tenté d’apaiser la haine que certains veulent entretenir et instrumentaliser à quelques jours des élections régionales, mais que dire et faire face à une telle hérésie?

Dans la période troublée que notre pays traverse nous avons besoin de clarté, de sincérité et de préserver ce qui nous unit. Ne cassez pas à tout jamais le lien entre le peuple et ses représentants. C’est votre responsabilité.

Nous vous demandons solennellement de bien vouloir recevoir les représentants des douaniers dans les prochains jours pour leur témoigner l’attachement de la France à leur métier et de tout mettre en œuvre pour leur permettre de mener à bien leurs missions.

Ainsi la mort de mon frère pourra prendre un sens et notre douleur, avec le temps s’apaisera, sans laisser place à la colère.

Nous avons l’honneur, Monsieur le Président de la République, de vous prier d’agréer l’expression de notre très haute considération.

Pour la famille,

Emmanuel Robinson”.

Nice Matin

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