Avant de vous parler de cette industrie de la captivité, je voudrais vous dire quelques mots sur les cétacés qui y sont utilisés . Il s’agit de dauphins de différentes espèces, de marsouins, d’orques et de bélugas. En France, seuls les dauphins et les orques sont concernés. Les cétacés sont à l’heure actuelle reconnus par la communauté scientifique comme étant éminemment intelligents et conscients d’eux-mêmes. On sait qu’ils se reconnaissent dans un miroir.
Leur cerveau est aussi gros que le nôtre proportionnellement et possède un lobe particulièrement développé qui, d’après les scientifiques, serait celui de l’empathie, de la compassion, du lien social en quelque sorte. Ce qui pourrait expliquer les échouages massifs et les massacres de pods (groupes) entiers, aucun des membres du groupe ne voulant pas abandonner les autres. Ce sont des peuples de cultures, qui comme les éléphants honorent et pleurent leurs morts, pratiquent l’entraide, sculptent des bulles, communiquent avec différents dialectes, jouent, nouent des amitiés, etc.
Captures et massacres d’orques et de dauphins
L’industrie de la captivité est extrêmement lucrative. Par exemple, Seaworld, qui possède de nombreux delphinariums dans le monde, est entrée en bourse il y a trois ans. Aujourd’hui, une orque captive se vend plus d’un million de dollars et un dauphin dressé environ 150.000 dollars. Alors comment les delphinariums s’approvisionnent-ils ?
1. Le Japon et les îles Salomon pour les dauphins
Au Japon, les dauphins sont prélevés lors de chasses au rabattage et de massacres abominables aux. Chaque année, le pays autorise la capture de plus de 20.000 petits cétacés. En effet, ils sont considérés comme des nuisibles par les Japonais car ils mangent aussi du poisson.
Un dauphin de boucherie se vend 600 dollars contre 150.000 à 200.000 dollars pour un dauphin dressé. La ville de Taji au Japon s’est spécialisée dans leur capture. Chaque année, des milliers de dauphins sont rabattus à l’aide d’un mur sonore dans une crique peu profonde. La majorité de ces dauphins sont mis à mort de façon inhumaine et douloureuse (parfois plus de 20 minutes pour mourir) et les plus “chanceux” seront vendus à un delphinarium du monde entier, après une période de dressage rudimentaire.
2. Orques et bélugas en Russie
Quant aux orques et aux bélugas, ils sont capturés en mer de Russie ou dans les eaux islandaises. Leur capture s’effectue au lasso, parfois à l’aide d’explosifs et il n’est pas rare que pour un jeune prélevé, plusieurs meurent de blessures, de stress ou tout simplement noyés. Le transport se fait par camion, avion et peut durer plusieurs jours. Certains mourront durant le transport et d’autres à l’arrivée dans le bassin.
En bassin, une orque devrait effectuer 1.400 tours
Le traumatisme lié à la capture et à l’arrivée en bassin augmente de façon considérable le taux de mortalité du cétacé. En milieu naturel, une orque peut sonder à plus 200 m de profondeur et nager de 150 à 200 km par jour. Il faudrait donc qu’elle effectue chaque jour 1.400 tours de bassin afin de parcourir la même distance ! La profondeur du bassin dépassant rarement les 15 mètres, il lui suffit, étant donnée sa taille (5 à 6 mètres), d’un demi coup de nageoire caudale pour atteindre le fond… Ayant un peu pratiquée la plongée, je peux vous dire que 15 ou 20 mètres, c’est peu et que quelques coups de palmes suffisent pour atteindre le fond !
En milieu naturel, un dauphin peut vivre entre 40 et 60 ans, une orque jusqu’à 100 ans alors qu’en bassin leur espérance de vie est en moyenne réduite de moitié. Freya, la plus âgée des orques du Marineland est décédée à 34 ans et son fils Valentin à 19 ans. Tandis que Granny, qui est suivie par les scientifiques en Colombie Britannique, a 104 ans et vit en pleine santé, entourée de toute sa famille.
Un bébé orque est séparé de sa mère à l’âge d’un an
Dans la nature, une femelle orque est sexuellement mature vers 11-12 ans. Cependant, dans les bassins, il est plus que fréquent de les inséminer artificiellement dès l’âge de 8 ans. L’inceste est totalement tabou et inexistant dans la nature, mais peut exister en captivité. De même, elles ne mettent bas que tous les 4-5 ans dans leur milieu naturel (le temps que le petit acquiert une certaine autonomie).
En captivité, elles sont en moyenne inséminées tous les deux ans (la durée de gestation se situant entre 15 et 18 mois…). Cela fait bien peu de temps entre les deux grossesses et lorsque l’insémination fonctionne et que le petit survit, il est souvent séparé de sa mère vers l’âge de un an pour être vendu à l’autre bout du monde, ce qui créé un traumatisme tant pour l’enfant que pour la mère.
Une orque est plus agressive en bassin
En liberté, les cétacés vivent en “tribus” ou pods composés de nombreux individus, subdivisés en familles. Chaque pod, suivant la région, a son propre dialecte et dispose de sa propre “culture”. Ils vivent toute leur vie au sein de leur famille…
Dans un bassin, ils sont regroupés arbitrairement. La promiscuité, l’impossibilité de fuir les conflits et celle de communiquer génèrent donc chez eux beaucoup de stress et engendre des comportements violents entre eux et dans le cas des orques des agressions envers les soigneurs (4 accidents mortels provoqués par des orques captives sur des humains contre 0 en milieu naturel).
L’eau chlorée détruit leurs yeux, poumons, peau
En milieu naturel, les cétacés plongent très profondément et passent 80% de leur vie sous l’eau. Ils chassent, jouent, s’accouplent… En bassin, ils sont maintenus à la surface afin de toujours être visibles des spectateurs. Cela entraîne chez l’orque par exemple, un affaissement de l’aileron dorsal (100% en bassin contre 1% en milieu naturel).
Cela peut aussi entraîner des coups de soleil, des encéphalites mortelles dues à des piqûres de moustiques. Ils sont dans un environnement totalement stérile (murs de béton ou de verre) et nourris de poissons morts : deux repas gratuits pour les maintenir en vie, le reste contre obéissance.
L’eau chlorée détruit leurs yeux, poumons, peau… Il est fréquent que les cétacés succombent à des affections pulmonaires. Le principal organe sensoriel des cétacés étant l’ouïe (système de sonar), les ondes sonores qui se répercutent sur les parois des bassins les assourdissent et génèrent un stress supplémentaire.
Certains dauphins se suicident
Aucune de ces conditions n’étant favorable à la bonne santé mentale et physique des cétacés, ils reçoivent pour la plupart des traitements médicamenteux assez lourds (anxiolytiques, antidépresseurs, anti-ulcères, antibiotiques, vitamines, etc…). Il a été prouvé que certains dauphins en arrivaient à se suicider ou tout simplement à se laisser mourir.
Pour ces animaux qui vivent toute leur vie au sein de leur famille, les capturer, les séparer des leurs et les garder ainsi en bassin est déjà une forme de maltraitance !
Dans un bassin, l’animal est nourri contre obéissance
Les règles qui définissent les normes de vie dans un bassin sont celles qui doivent être appliquées dans un zoo. Or les différences entre zoos et delphinariums sont très importantes. Dans un zoo respectueux, on cherche à recréer un environnement le plus proche possible de l’habitat naturel et l’animal est nourri à sa faim sans contrepartie.
Dans un bassin, l’animal est nourri contre obéissance et bien souvent après le spectacle il est enfermé seul dans un bassin où il ne peut pratiquement pas se retourner. Durant les spectacles qui ont parfois lieu la nuit (Marineland), il est soumis à une musique assourdissante, des feux d’artifice et à des hurlements de spectateurs comme dans un cirque.
On les oblige à des comportements tout à fait antinaturels, comme de s’échouer sur le bord du bassin, pour les soins ou tout simplement pour le spectacle. Même les femelles gestantes sont obligées de se plier à cet exercice douloureux, ce qui provoque ou des fausses couches ou des naissances prématurées.
Ces animaux qu’on aime exploités jusqu’à la mort
Quel est le rôle du delphinarium dans la préservation des espèces étant donné qu’il n’y a jamais de réintroduction dans la nature ? On ne peut pas parler d’un rôle éducatif non plus, puisque rares sont les panneaux expliquant la biologie et la vie des cétacés en milieu naturel…
Alors, est-il pédagogique qu’un enfant sorte d’un spectacle en pensant qu’un dauphin est heureux en sautant dans un cerceau ou en jouant à la balle ?
Cette industrie trompe les enfants et il est particulièrement indécent et pervers de s’appuyer sur l’amour et la sympathie que ces animaux nous inspirent pour les exploiter jusqu’à la mort.
Car une chose est sûre tous ceux qui payent pour ces spectacles de dauphins sont là car ils les aiment !