Il y a longtemps que les avocats praticiens du droit de la presse et défenseurs des libertés publiques savent que la France est un pays de liberté surveillée. La mascarade que fut l’esprit du 11 janvier, loin d’être un vent de liberté fut un prétexte pour le Préfet de Police pour interdire, quelques jours après avoir autorisé l’une des plus grandes manifestations à risque avec 47 chefs d’Etat, un rassemblement de l’association résistance républicaine qui entendait dénoncer pacifiquement l’islam radical.
L’État d’urgence, même s’il se justifie pour réprimer efficacement l’islamisme radical, ne doit pas être le prétexte pour restreindre les libertés publiques. On notera soit dit en passant que des terroristes pourtant connus de tous les services secrets du monde ont pu impunément faire des allers retours entre la France, la Belgique et la Syrie pour s’y livrer au carnage que l’on sait.
Or quelques signes objectifs et concrets permettent aux avocats qui sont à l’avant-garde des libertés d’être plus qu’inquiets. Pour des personnes qui n’ont que le mot PASDAMALGAME à la bouche, un maître mot devrait guider les bonnes manières des services de justice et de renseignement : DISCERNEMENT. Or depuis la fusion des RG et de la DST, le renseignement humain impliquant un tel discernement a été négligé au profit de la technologie et de fichiers informatiques.
Si parmi ces fiches S figurent incontestablement des individus dangereux, on compte aussi de simples sympathisants identitaires suspects d’avoir une fois dans leur vie participé à une manif autorisée ou brandi une simple banderole. De même un certain nombre de sympathisants écologistes ou alter mondialistes ayant pris part à des manifs anti-OGM. Pas de quoi justifier une surveillance particulière au détriment de celle des 4000 à 5000 djiahdistes présents sur notre territoire et présentant une dangerosité réelle sachant qu’il faut une dizaine de personnes pour filer efficacement un individu.
Parlons des perquisitions administratives pendant l’État d’urgence : elles ne sont absolument pas soumises au contrôle du juge judiciaire.
Or à quelques kilomètres de Bordeaux il y a quelques jours c’est l’exploitation d’un couple de maraîchers bio, qui a reçu la visite de dix gendarmes pour effectuer une perquisition administrative. Les gendarmes évoquent alors la COP21 et une manifestation à laquelle les deux maraîchers auraient participé il y a trois ans. « Distribution de tracts au péage de Mussidan contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ça vous dit quelque chose ? » aurait demandé l’un des gendarmes au couple un peu sonné.
Le dernier point est sans doute l’un des plus graves car il concerne la fermeture de sites. Plusieurs responsables de blogs ou de sites non conformistes se sont vus fermer leur site sans préavis ni explication. Et de nombreux d’entre eux font l’objet de véritables détournements de procédures à l’initiative du parquet pour recel de cadavres pour avoir osé montrer des photos de décapitations djihadistes, non pour en faire l’apologie mais pour les dénoncer. Alors que le drame d’Aylan a été utilisé jusqu’à la nausée par les média.
Or, voici maintenant qu’un projet européen baptisé PHEME est sur le point de voir le jour. L’union européenne finance le plus grand logiciel de censure du monde qui officiellement, est destiné à remonter à la source de toute information transitant sur Twitter pour en juger de la fiabilité. Mais nul n’est besoin d’être grand clerc pour imaginer quel usage pourra être fait d’un tel instrument dans des situations d’urgence.
En Birmanie, pendant les troubles étudiants, le pouvoir de Rangoon avait fermé il y a quelques années l’accès à internet. L’Europe n’est pas loin d’en prendre le chemin…