Être de gauche, c’est décidément un boulot de chaque instant qui ne doit guère laisser de temps libre. Ainsi, nos députés socialistes, obligés de suivre les fourgons d’un François Hollande qui, chaque jour davantage, met ses souliers dans les traces laissées par l’auguste Paul Déroulède, ont-il de plus en plus de vague à l’âme et de mou dans la corde à nœuds. À propos de nœud, celui du problème : l’éventuelle déchéance de nationalité es binationaux en cas de « terrorisme » et l’inscription d’icelle dans le marbre constitutionnel.
Voilà qui fait beaucoup d’un coup, même si l’on connaît le vieux tropisme sécuritaire et de délation de la gauche “républicaine” ; voire à ce sujet le remarquable essai, La République xénophobe, de Pierre-Jean-Deschodt et François Huguenin, naguère publié chez J.-C. Lattès.
Pour François Hollande : « Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s’il n’e français, dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité. » Fort bien et tout cela semble frappé au coin du bon sens. Petit souci : où les renvoie-t-on ? Sac
Sachant que les pays dont ils tiennent leur demi-nationalité ne sont pas toujours chauds pour récupérer leurs brebis ou chameaux égarés…
Puis, autre pépin, soulevé par Libération : « Aujourd’hui, la déchéance de nationalité est possible pour les binationaux qui auraient été naturalisés français, mais pas pour ceux qui sont “nés français”. » Évidemment, mais lorsque “né français”, on a choisi une seconde nationalité de substitution, c’est qu’on ne tenait pas tant que ça à la première ; alors, que l’on perde l’une ou l’autre, surtout lorsque prétendant appartenir à celle de Dieu, cette fantasmatique Oumma, cela ne devrait pas forcément faire figure de crève-cœur…
Quelques menues nuances qui paraissent échapper à la majorité du troupeau des députés socialistes chez lequel « la levée de boucliers est quasi-unanime. » Et cette déclaration, toujours relevée par le même quotidien : « Pascal Cherki et Daniel Goldberg sont montés au créneau : “Je suis entré au PS pour combattre le Front national, pas pour voter l’une de ses mesures phares. C’est un débat de principe, d’identité politique.” » À expliquer à Arno Klarsfeld, autre célèbre binational…
Comme quoi le débat identitaire, dès chassé par la porte revient immanquablement par le soupirail… Après, mais peut-être nous trompions-nous, nous, qui naïvement, il va de soi, croyions qu’on s’engageait au Parti socialiste par idéal socialiste, et non pas pour lutter contre un parti dont Lionel Jospin, autrefois premier des socialistes assurait qu’il n’avait rien de « fasciste », tout juste « populiste ».
Toujours cité par Libération, Christian Paul, éternel ronchon de gauche, s’inquiète encore : « Nous, socialistes, on va installer l’idée que les binationaux ne sont pas vraiment Français, c’est Le Pen qui va se gondoler. » C’est sûr que vu de la sorte, Marine aurait tort de ne pas se poiler…
Au siècle dernier, le général de Gaulle affirmait : « Je n’aime pas les socialistes parce qu’ils ne sont plus socialistes. Je n’aime pas les miens parce qu’ils aiment trop l’argent. » Quelques décennies plus tard, qu’ajouter ?
PS : L’un des frondeurs en chef du PS n’est autre que Dominique Raimbourg, fils du regretté Bourvil. Avec même un brin de mauvaise foi, c’est dire le sérieux de la chose : un corniaud parti en grande vadrouille, ça c’est déjà vu.