L’Institut National de Recherche Archéologique Préventive a fait une impressionnante découverte lors d’une fouille rue de Saint-Gilles à Nîmes. En amont de la construction d’un immeuble, un ensemble funéraire couvrant plusieurs siècles a été mis au jour ainsi qu’une voie Antique.
Entre le 22 septembre et le 3 novembre dernier, une équipe de sept archéologues de l’INRAP a mis au jour un ensemble funéraire couvrant une période allant du Ier siècle avant notre ère jusqu’au VIème siècle. D’origine préventive et prescrite par l’État, cette fouille a notamment permis la découverte d’une sépulture d’époque wisigothique à Nîmes, une première archéologique. “Que les wisigoths soient passés par Nîmes, nous le savions déjà. En revanche, c’est la toute première fois que l’on identifie une tombe wisigothique du Vème siècle” explique Cécile Martinez de la direction interrégional de l’INRAP. Située rue de Saint-Gilles, les fouilles ont également permis de mettre au jour le tracé de la voie Antique qui reliait Nîmes à Espeyran (ancien nom de Saint-Gilles), ainsi que son embranchement avec une voie secondaire arrivant depuis le sud-ouest. Si l’origine exacte de ces voies n’est pas connue à ce jour, elles remonteraient au moins à l’Antiquité, et ont pu être utilisé pendant plusieurs siècles. Pour Marilyne Bovagne, responsable scientifique de l’opération, l’analyse des données récoltées pourrait mener vers d’autres découvertes. “Cette première attestation d’un cimetière d’époque wisigothique témoigne de leur influence sur la ville de Nîmes pour laquelle on possède très peu d’éléments archéologiques de la période allant du Vème au VIIème siècle. Des analyses pratiquées sur la parure pourraient renseigner sur les tissus portés, des prélèvements sur les ossements pourraient être révélateurs de pratiques alimentaires à Nîmes à cette époque.”
Une vingtaine de tombes ont été étudiées, dont les plus anciennes datent de l’époque dite Républicaine (IIème et Ier siècle avant notre ère). Des objets appartenant probablement à un guerrier de la société gauloise ont été découverts soit une épée, une lance et un umbo (partie métallique de bouclier), ainsi qu’une stèle Antique avec une inscription latine mentionnant un gladiateur. La plupart des autres sépultures ont été emménagées au moyen de tuiles plates et courbes, une technique caractéristique de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen âge (du IVème au VIeme siècle). La présence de cet ensemble funéraire aux abords d’une voie Antique peut sembler anecdotique à première vue, mais elle témoigne d’une habitude de l’époque. “Cette configuration est connue dans l’Antiquité puisqu’on inhumait ou incinérait aux abords extérieurs des remparts, le long des chemins d’accès, à la vue des vivants pour conserver la tombe dans la mémoire. Pour la période suivante qui voit s’imposer le christianisme, on aurait tendance, quand les conditions le permettent, à regrouper les défunts à proximité des églises. Mais dans le cas présent, nous n’avons pas trouvé d’église dans l’emprise de fouille “.
Si la construction du bâtiment de 18 logements prévues à cet emplacement ne sera pas interrompue – tous les prélèvements nécessaires à l’analyse ont été effectués – Le patrimoine historique de la ville de Nîmes implique systématiquement un diagnostic avant tout travaux qui pourrait endommager des vestiges. Nemausus n’a pas livré tout ses secrets.