L’Annonce faite à Marie au théâtre Montansier

Quoi de mieux que L’Annonce faite à Marie pour préparer Noël ? Jusqu’au 23 décembre, cette pièce de Paul Claudel est jouée au théâtre Montansier à Versailles. Samedi dernier, Nouvelles de France s’y est rendu. En loge centrale, au premier balcon, derrière le maire de Versailles, François de Mazières, nous assistâmes au lever de rideau.

Cette pièce raconte l’ascension vers la sainteté de Violaine, fille du propriétaire terrien Anne Vercors. Celui-ci souhaite lui faire épouser Jacques Hury, fils adoptif héritier du domaine. Toutefois, Violaine, devient lépreuse en ayant, par charité, donné un baiser à un lépreux bâtisseur de cathédrales.

Rejetée pour cette raison par son fiancé, elle s’exile pour préserver sa famille du scandale. C’est donc Mara, la vile et malicieuse sœur cadette de Violaine que Jacques épousera. Celle-ci aura, de cette union, un enfant mort né que Dieu ressuscitera par l’intercession de Violaine. Mara, sœur ingrate mais qui, paradoxalement, croit fermement à la sainteté de Violaine et à la toute puissance de Dieu, n’aura cependant pour seul remerciement que de pousser la lépreuse à la mort.

C’est ainsi une poignante histoire de la montée au Cieux d’une fille qui par sa souffrance, sa charité, son abnégation et son pardon gagne le Paradis et le fait connaître à ses proches. Est interprétée ici une fresque mystérieuse de Claudel, écrivain catholique affirmé, qui, à travers la pureté et le sacrifice d’une jeune fille, laisse transparaître le « fiat » de la Sainte Vierge. A l’instar de Marie, qui par son « oui » à l’Ange accepta d’être la mère du Christ et de l’Eglise, Violaine, en encourageant un lépreux d’un baiser, lui donne la force de bâtir à Reims sa cathédrale.

C’est en fin de compte l’histoire d’une jeune fille qui monte vers le Ciel et qui, au fur-et-à mesure, que la lèpre la ronge, s’enlaidie physiquement tout en s’embellissant spirituellement par la souffrance, allant jusqu’à convertir les plus irréductibles au son des cloches de l’Angélus.

« C’est certainement un des sommets de mon œuvre », disait Claudel, car elle représente le « drame de la possession d’une âme par le surnaturel ».

Une représentation de deux heures et demie, mise en scène par Jean-Daniel Laval, qui se conclut par un Regina Caeli entonné par une chorale et qui offre la possibilité, que l’on soit croyant ou non, de débuter sereinement la période de l’Avent.

Toutes les informations sur les représentations sont disponibles ici.