Henri d’Orléans, Comte de Paris, est considéré par beaucoup comme l’héritier des rois de France depuis la mort de son père en 1999. Dans un entretien exclusif accordé aux Nouvelles de France, il revient sur les thèmes qui marquent en profondeur l’actualité.
La bioéthique vous parait-elle être un thème important ?
J’ai toujours pris des positions qui ne cassent pas le lien de l’homme à la nature, au divin. Ce sont des positions d’humanistes.
Croyez-vous que ce lien soit aujourd’hui cassé ?
Il y a des lois de la nature. Nous les transgressons, lorsque nous détruisons notre pays en construisant des lignes de TGV ou des autoroutes dans tous les sens. La nature se rétrécit et nous ne faisons que précipiter des échéances qui peuvent être dramatique. Le nuage de Tchernobyl ne s’est pas arrêté aux frontières de la France.
La transmission aux générations futures semble vous préoccuper…
Oui car la jeunesse va subir les retombées du CO2 ou de Fukushima.
Sur le thème de la bioéthique, y a-t-il des moments au début ou à la fin de la vie où l’homme vous paraît en danger ?
En lisant le journal ce matin, j’ai vu l’histoire d’une femme brésilienne de 62 ans qui va mettre au monde un enfant. Il y a là de l’égoïsme et de l’irresponsabilité de la part de cette femme. Le plaisir d’avoir un enfant lui fait oublier que c’est un être humain, pas une poupée vivante.
Justement la procréation assistée qui a permis à cette femme d’avoir un enfant n’est-elle pas nuisible ? Avec la fécondation in vitro, n’allons-nous pas trop loin ?
Non, je pense qu’il est normal qu’une femme ait des enfants mais il y a un âge pour cela. Jusqu’à 45 ans, elle a la capacité de pouvoir concevoir son enfant. Après cet âge-là, je pense que l’on doit pouvoir faire appel à ces méthodes qui ne détruisent pas l’homme mais qui l’aident.
Dans le cas de la fécondation in vitro, la plupart des embryons artificiellement créés meurent ou sont éliminés, n’y a-t-il pas là un danger ?
Je suis partagé parce que c’est vrai que dans ce cas là, on tue. Mais est-ce qu’il faut attendre un certain temps pour que le cerveau, le sexe, le cœur soient en place pour appeler cela un embryon ou est-ce qu’avant, il y a quelque chose ? Personnellement, je pense que l’implantation dans l’ovule est déjà un être humain. On peut en discuter avec les prêtres, les femmes et les hommes mais je pense que l’être humain est véritablement lorsqu’il est constitué d’un cœur, d’une tête et d’un sexe.
Et avant ce moment ?
Avant, je ne sais pas. Pour moi ce sont des cellules.
Pensez-vous que le thème de la bioéthique soit un enjeu important ?
Je pense qu’il est important d’y réfléchir. Dans toute avancée scientifique, le bien et le mal coexistent. Créer des clones humains pour en faire des guerriers ou je ne sais quoi est une manipulation que je réprouve totalement. En revanche, aider des femmes à procréer parce que leur organisme ne peut le faire tout de suite oui. De même certains avortement sont souhaitables. Dans le cas d’un viol ou lorsqu’un handicapé est en gestation, je pense que permettre à une femme d’avorter est nécessaire.
Mais l’enfant issu d’un viol et l’enfant handicapé ne méritent-il pas de vivre ?
Ça, c’est un problème de conscience personnelle de la femme et de son époux : c’est à eux de choisir. Il faut leur donner la possibilité du choix d’avorter ou de ne pas avorter. En ce qui concerne la fin de vie : l’euthanasie est le fait de donner la mort volontairement à un être humain légalement déclaré vivant. L’être humain doit prendre ses responsabilités mais à partir d’un certain âge, c’est difficile. Je crois qu’il permettre au malade de ne pas poursuivre “thérapeutiquement” sa vie. Le problème est que l’on risque de tomber dans des excès et des travers. La limite est ténue.
Est-ce que vous pensez que la vie est un don ? Peut-on réellement en disposer comme on l’entend ?
Dans toutes les civilisations monothéistes, la vie est un don, un don matériel et spirituel, effectué par le père et la mère qui créent votre conscience et votre âme. S’il n’y a pas de réincarnation, le don est unique. On a donc un respect beaucoup plus grand pour ce don qui a été fait et dont on ne peut faire fi. S’il y a réincarnation, il est plus facile de mourir.
Croyez-vous en Dieu ou en une transcendance ?
Bien sûr, mais c’est quelque chose que l’on ne peut pas nommer ou décrire. J’ai lu les théories du Big Bang mais la question de savoir qui a provoqué le Big Bang demeure sans réponse.
Vous avez la réponse ?
Non.
La religion catholique apporte une réponse…
Oui mais c’est une question de foi.
N’est-ce pas un prolongement de la raison ?
Oui mais le Big Bang est une minuscule chose par rapport à l’énergie divine.
Donc vous croyez à l’énergie divine ?
Vous savez, quand le Christ guérit les malades ou que le roi de France guérit les écrouelles, il y a une énergie. Je le sais parce que j’ai reçu un don pour guérir certaines choses…
La guérison des écrouelles ?
Non, mais les piqûres et morsures d’animaux venimeux.
Comment cela se manifeste-t-il ?
C’est une prière que quelqu’un m’a donné un Vendredi Saint et depuis, je guéris. Mais je ne guéris que ceux qui y croient. Quand je demande à la personne de prier de son côté pendant que je fais ma prière et que j’impose les mains, il y a de l’énergie qui sort.
Cela vous arrive-t-il souvent ?
Pratiquement tous les étés à cause des méduses.
Qui guérit ?
C’est Dieu à travers moi parce que c’est une prière : ce n’est pas moi qui guéris.
Vous qui descendez de nombreux rois de France, croyez-vous que la France ait un lien spécial avec Dieu ?
Je dirais que le pouvoir royal est un pouvoir qui vient d’en haut. Dans toutes les grandes civilisations, l’Egypte, la Grèce ou la Chine, le roi reçoit d’en haut le pouvoir d’être thaumaturge, aussi bien physiquement qu’économiquement. Son rôle est de maintenir la paix et la justice. Aujourd’hui, les rois ne gouvernent pas mais le roi est là pour garder la mémoire historique et les fondamentaux dont on parlait tout à l’heure.
La religion catholique doit-elle, selon vous, avoir une primauté en France ?
Je parlerais de la religion chrétienne. Ce n’est pas une mode qui passe. Elle demeure. Vous avez des modes, même chez les catholiques. Elle est nécessaire, toute religion est nécessaire. Elle apporte une harmonie.
Et la présence de l’islam ne risque-t-elle pas de briser cette harmonie ?
Louis XV a été le premier à faire construire une mosquée en France, à Marseille. Il s’agissait de permettre aux esclaves maures de prier. L’islam, comme la religion chrétienne, a eu des intégrismes. Quand l’islam s’est développé, à l’époque des Khalifes de Bagdad, ils nous ont apporté beaucoup de choses. Je constate qu’aujourd’hui, il y a un durcissement des tensions entre chrétiens et musulmans.
Vous avez récemment dénoncé le Piss Christ exposé à Avignon, pourquoi ?
Il y a l’aspect culturel. Actuellement on vous fait prendre des vessies pour des lanternes. Le beau est systématiquement dénigré et on vous montre des œuvres laides et sales. Cette œuvre était laide et sale. De plus, elle était blasphématoire. Il y a une nécessité du respect des religions. C’est pour cette raison que j’ai protesté contre les caricatures de Mahomet.
On expose à Versailles des œuvres qui font polémique chaque année.
Aujourd’hui, ce sont des barres qui ne sont pas encore trop laides mais je pense que Versailles se suffit à lui-même. Le château a été construit à une période où l’art était devenu synonyme de français. Le Brun, Lully, Le Nôtre étaient les grands artistes. C’était beaucoup plus le Siècle des Lumières que celui d’après. J’ai écris à Monsieur Aillagon pour lui dire que Versailles se suffisait à lui-même et que ce n’était pas la peine de lui rajouter des tripes à la Jeff Koons ou encore le Japonais qui fait des caniches en fleurs (Haruki Murakami, NDLR).
Au Liechtenstein, le Prince héréditaire a publiquement pris position contre un référendum visant à dépénaliser l’avortement. Est-ce une bonne chose selon vous ?
Oui. Moi même, j’ai d’ailleurs déjà pris des positions publiques…
Aujourd’hui, les monarques sont-il réellement des rois ?
Un Mitterrand ou un Sarkozy sont beaucoup plus monarques que le roi des Belges ou le Roi d’Espagne. La Constitution actuelle donne au Président beaucoup plus de pouvoirs que n’avait Louis XIV. La monarchie est le pouvoir d’un seul mais la royauté est un pouvoir spirituel, philosophique qui touche les gens au plus profond de leur âme. Ce qui m’intéresse, c’est ce que la famille de France peut apporter. La Fondation Saint-Louis et la Fondation Condé apportent beaucoup plus, par les contacts humains, qu’un homme politique. Dans notre cas, nous recevons beaucoup de lettres de gens qui ont besoin d’un regard ou d’une main tendue. L’homme politique les ignore. Nous, nous essayons de leur apporter quelque chose.
N’avez-vous jamais songé à vous présenter aux élections ?
Non, parce que si je me présente, j’appartiendrais à un parti et serais rejeté par l’autre parti. En ce moment, je suis bien avec tout le monde…
Vraiment tout le monde ?
Trotskistes, syndicalistes, extrême gauche, extrême droite, centre, tout le monde…
Pour finir, pourriez vous le souvenir de votre père qui vous a le plus marqué.
Quand j’étais petit, lui qui était grand chasseur m’a fait approcher d’un nid de bécasses à 3 mètres. La bécasse était là et il m’a dit : « ne fais pas de bruit, n’y touche pas. »
Pourquoi ce souvenir ?
Parce que depuis, j’ai toujours aimé la nature.
Vous êtes grand-père, que pensez-vous du petit Gaston ?
C’est un petit bonhomme très intelligent qui fera parler de lui…
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