La basilique Saint-Julien est une basilique romane située à Brioude, dans le département français de la Haute-Loire et la région Auvergne. Dédiée à Saint Julien de Brioude, qui y aurait été martyrisé en 304, elle est la plus vaste église romane d’Auvergne. Le premier sanctuaire dédié à saint Julien remonte à la fin du IVe siècle : il est construit sur l’emplacement du tombeau présumé du saint par une dame espagnole, en remerciement de l’accomplissement de son vœu. Grégoire de Tours rapporte que la renommée du saint se répand, attirant les pèlerins. Une première église est alors bâtie. Le duc Victorius, gouverneur wisigoth de l’Auvergne, l’orne de colonnes de marbre provenant de monuments antiques ; les restes de colonne cannelée qui se trouvent aujourd’hui dans la crypte en sont peut-être une partie. Un clergé se met en place pour célébrer le culte et accueillir les fidèles : Grégoire de Tours évoque dans ses écrits l’existence d’un monastère et des moines. Cette église mérovingienne est peut-être détruite par un incendie.
Une église carolingienne bâtie aux VIIIe et IXe siècles lui succède dont témoigne aujourd’hui la mosaïque du chœur. En 825, un édit lui confère une large autonomie et l’« immunité », c’est-à-dire l’exemption de taxes. Un acte de 874 évoque un chapitre de chanoines, fort de 21 maisons, à qui est confiée la garde du tombeau du saint. Le pape Formose (891) aurait accordé à celui-ci, après une visite, de ne relever que du Saint-Siège.
À la faveur du déclin de l’empire carolingien, les Guilhelmides prennent possession de Brioude, dont ils deviennent les abbés : le duc Guillaume Ier d’Aquitaine, mort en 918, est ainsi inhumé auprès du tombeau de saint Julien. Brioude passe ensuite aux mains des comtes de Gévaudan, puis des comtes d’Auvergne. Le chapitre de Saint-Julien compte alors en son sein les rejetons des plus grandes familles d’Auvergne. Il accueille notamment Odilon de Mercœur et Robert de Turlande, qui lui préfèrent, néanmoins, l’un l’abbaye de Cluny, l’autre la vie d’ermite, puis la fondation de l’abbaye de la Chaise-Dieu. La construction de l’église romane actuelle remonte à la deuxième moitié du IXe siècle. Elle est favorisée par le développement de Brioude devenue un lieu de pèlerinage et une étape sur le chemin de saint Jacques de Compostelle, de Rome et de Jérusalem.
Le chapitre cherche alors à s’affranchir de la tutelle des comtes d’Auvergne. Le pape Urbain II, venu prêcher la première croisade à Clermont en 1095, place Saint-Julien sous sa responsabilité directe, et son successeur Pascal II confirme le droit du chapitre à nommer son abbé et son prévôt. Le roi Louis VII affirme de même que le chapitre dépend de lui. Parallèlement, des dissensions se font jour à l’intérieur même du chapitre, reflet de la rivalité entre les famille de Mercœur et d’Auvergne. En 1223, après le rattachement de l’Auvergne au domaine royal, le chapitre rachète aux comtes d’Auvergne leurs droits féodaux sur Brioude. Le chapitre de Saint-Julien maintient sa mainmise sur Brioude jusqu’à la Révolution, qui voit sa suppression. L’église, réaffectée à l’usage de la paroisse en 1794, voit l’un de ses clochers abattus et l’autre décapité.
En 1837, Prosper Mérimée visite Saint-Julien et le décrit comme une « église byzantine d’un grand caractère, qui malgré tout ce qu’elle a souffert, peut être encore rangée parmi les édifices les plus remarquables que compte l’Auvergne. » Il obtient son classement au titre des monuments historiques dans la liste de 1840. La restauration de l’église est confiée à l’architecte diocésain Aymon Mallet, qui mène les travaux en s’inspirant des autres grands édifices romans auvergnats, gommant au passage les disparités de style dues à une construction assez longue. Enfin, l’église est érigée en basilique mineure par Pie XII le 26 avril 1957.