Il s’agit du sujet le plus discuté sur Twitter. Nouvelle hausse du chômage ? Bombardements à Alep ? Fermeture de l’usine d’Alstom ? Paysans qui se suicident par wagons entiers ? Reformation des Beatles à deux plutôt que quatre ? Non. L’événement qui affole les réseaux sociaux, c’est l’agression à main armée de Kim Kardashian, au sein de l’hôtel particulier dans lequel elle résidait, en plein cœur de Paris.
Cette donzelle est décidément un bon coup, en tous termes s’entend, le montant du larcin se montant à près d’une dizaine de millions d’euros en bijoux ; c’est sûr qu’on n’allait pas lui voler une édition originale des Très Riches Heures du duc de Berry. Butin qui, par ailleurs, représente presque la moitié du montant de sa sex tape, sûrement enregistrée à l’insu de son plein gré, par le couineur de R&B Ray J, mais par elle négociée avec la société de production pornographique Vivid pour diffusion en ligne. Petit arrangement qui lui a rapporté bien plus que ne lui aurait coûté un long procès ; ce, d’autant plus que l’outrage à vertu aurait été délicat à plaider.
Il n’en faut, évidemment, pas plus pour qu’une Nathalie Kosciusko-Morizet ne s’insurge : « On pense à Kim, car ce qui lui est arrivé est violent et traumatisant.
Et on pense à l’image de Paris. » Il est un fait que l’image de notre capitale n’a plus précisément la cote, cette année 2016 accusant une baisse de 6,4 % par rapport au millésime précédent ; mauvaise nouvelle pour l’hôtellerie de luxe, les restaurateurs vendant du vintage façon Amélie Poulain et les chauffeurs de VTC, mais peut-être heureux présage pour les derniers Parisiens dont le seul tort consiste à refuser de vivre dans un Paris qui ne soit pas en voie de muséification.
Ainsi, le dernier clip de Kim Kardashian, d’un budget de 300.000 euros et dont le tournage devait avoir lieu dans la Ville Lumière, serait au bord de l’annulation. Quelle perte pour le rayonnement culturel de la France… Bref, pour NKM, tout cela serait un peu la faute d’Anne Hidalgo et de sa politique. Laquelle ? On ne le sait pas vraiment, surtout lorsqu’on peine à discerner ce qui peut différencier celle de la brune énervée de celle de la rouquine indignée.
En attendant, pour en revenir aux malheurs des riches – évidemment plus rentables à braquer que les pauvres –, Le Point énumère la litanie des milliardaires saoudiens ou émiratis détroussés dans les plus chics quartiers de Paris. Montres valant de 50.000 à 100.000 euros arrachées en pleine rue, et Ahlam Ali Al Shamsi, « it-girl » saoudienne à prétentions de chanteuse, délestée à la terrasse de Chez Francis, célèbre restaurant du XVIe arrondissement parisien, de plus de 100.000 euros en tocantes de merde et bijoux à la noix.
Si même les plus riches ont les miquettes de raser les murs, où allons-nous, ma pauvre dame ? Quoique ces mêmes riches puissent aussi se comporter comme les pires des voyous, tel qu’en témoigne la mésaventure de ce décorateur parisien, obligé de lécher les pieds d’une princesse saoudienne après avoir été ligoté et battu parce que son projet ne convenait pas tout à fait aux souhaits de la bimbo en question – équivalente bédouine de notre Kim Kardashian.
Mais, comme d’habitude, les tweets ont afflué pour venger l’honneur de Kim Kardashian, Causette des temps modernes. Le plus rigolo ? Celui de l’acteur Mathieu Kassovitz, par ailleurs connu pour ses opinions hétérodoxes sur les attentats du 11 septembre 2001 : « Fier d’être parisien ! » Aussi drôle qu’inattendu, en effet. Et assez jouissif, soit dit en passant.
PS : Kim Kardashian a fait fortune dans la télé-réalité. La voilà confrontée à la réalité tout court. La vie est morale, parfois.