Il y a quelques jours, Martine Aubry a exprimé son souhait de voir, dans un avenir proche, l’évêché désacraliser des églises lilloises. Si le diocèse confirme l’existence d’une réflexion à ce sujet, celui-ci se veut beaucoup plus réservé sur son état d’avancement. Le coup serait-il parti trop vite ? Sous le beffroi, on rétropédale. La nouvelle est tombée du ciel au détour d’un propos sur la difficile gestion et l’important coût d’entretien du patrimoine municipal. Ce jour-là, nous sommes le 23 septembre, la maire de Lille tient sa conférence de presse de rentrée devant les médias, régionaux et nationaux, à la gare Saint-Sauveur. Et Martine Aubry annonce : « La plupart de nos églises ont été construites au XIXe siècle, avec des matériaux qui sont ceux d’avant et des techniques moins résistantes que celles d’aujourd’hui. Les unes après les autres ont des difficultés, et les travaux sont extrêmement coûteux. D’ailleurs, nous prendrons la décision, avec l’archevêque, de désacraliser certaines églises qui ont peu de fidèles, pour pouvoir faire des travaux rapidement sur celles qui, au contraire, resteraient sacralisées. ».
Des églises désacralisées, Lille n’en compte que très peu. Sainte-Marie-Madeleine, dans le Vieux-Lille, l’est depuis le milieu des années 2000. L’édifice est devenu lieu d’exposition en 2006 à la faveur de Bombaysers, saison culturelle de lille3000. Il abrite l’imposante installation God Hungry de l’Indien Subodh Gupta. Au Faubourg-de-Béthune, l’église Saint-Germaine accueille depuis peu un centre de soins, à la demande de l’Agence régionale de santé. Des exceptions, tant la désacralisation reste rare. « Je ne vais pas priver des communautés de leurs églises pour le plaisir simplement de m’en débarrasser. (…) “La désacralisation des églises pour lesquelles je ne fais aucun choix actuellement ne résoudra pas le problème de la propriété (les églises sont propriété de la ville) et donc de l’investissement nécessaire pour l’entretien du gros œuvre », confiait, dans les jours qui ont suivi l’intervention de Martine Aubry, Monseigneur Ulrich, évêque de Lille, au micro de nos confrères de RCF. Et d’ajouter : « Je ne le ferai que là où l’on verra qu’il y a un projet possible, intéressant et conforme au bâtiment lui-même. »
« Rien n’est décidé », appuie Thierry Vandemoortele, vicaire épiscopal. Une commission constituée de membres de l’Église et de la ville a bel et bien vu le jour, depuis plus d’un an. Celle-ci réfléchit à des modes de gestion innovants du patrimoine cultuel. Mais rien d’abouti pour l’instant. Rien qui permette de mener des opérations de restauration « rapidement », comme l’a indiqué le maire. Contactés mardi par notre rédaction, les services de la ville nous ont finalement dit vendredi soir que le pouvoir de décision revenait à l’évêché seul, que « la désacralisation d’églises n’est pas du tout à l’ordre du jour » et que « cette piste ne fait pas partie des projets actuels ». À en perdre son latin.
(Illustration: Église désacralisée au milieu des années 2000 et transformée en lieu culturel, Sainte-Marie-Madeleine, dans le Vieux-Lille, abrite l’installation monumentale « God Hungry» de l’artiste Subodh Gupta. PHOTO PATRICK JAMES