Famille, je vous hais ! C’est bien connu, la famille ça fait partie des petits soucis quotidiens. De ce côté-là, Brahim (Tahar Rahim, l’acteur qui monte), comme Madame Soleil, en connaît un rayon.
Artiste-humoriste spécialisé dans le Stand up, il a su exploiter son charisme et sa tchatche au profit du divertissement. En pleine ascension, sa réussite, il la doit à lui-même mais aussi à Linda (Maïwen), sa compagne metteur en scène. Bon fils, il soutient les siens depuis toujours et, le succès aidant, il a pu offrir à ses parents (frères et sœurs itou) la maison de leur rêve, loin de la banlieue craignos où ils ont toujours vécu. Seul point noir : son grand frère Mourad (Roschdy Zem) mais également ses « potes » – tous fringués façon « au chic banlieue de la Foire Fouille du 9-3 » – dont il ne sait plus s’ils sont avec lui par pure amitié ou tout simplement pour profiter de son aura et de son argent comme de vulgaires verrues et autres tiques collées à ses baskets.
Un entourage du genre grain de sable qui pourrait casser son image, son élan et sa carrière. A commencer par Mourad qui fut son premier manager. Un Mourad incontrôlable, incapable de s’émanciper des « codes » des cités et ayant autant de cervelle qu’un sac de semoule. Violent, impulsif et jaloux de la place prise par Linda dans la vie de Brahim, il est devenu un « poison nocif » pour son petit frère qui, tout en voulant protéger l’unité de la famille et de ses racines, se voit contraint d’écarter Mourad de son entourage du showbiz. Une rupture dont le prix de la liberté sera plus cher que celui du succès.
Frères ennemis ! Sur un sujet ancré dans notre époque – l’ascension d’un « jeune » issu de l’immigration, dont certains font le rapprochement avec Jamel Debbouze –, le réalisateur Teddy Lussi-Modeste signe un film « ethnique » et « communautaire » (sorte de « Caïn et Abel » d’aujourd’hui) sur les difficultés de l’intégration des uns et le choix des autres de s’en sortir, mais pas trop non plus, des valeurs « primaires », des traditions de « là-bas » et des racines qui les étouffent. Comme dit l’autre : chassez le naturel…